Plus de 5 000 soldats français continueront à rester dans la région du Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane, l’opération militaire anti-insurrectionnelle visant à faire face aux menaces posées par les combattants islamistes, les rebelles et les groupes de bandits dans la zone désertique.
Le président français Emmanuel Macron l’a déclaré le 16 février à Paris lors d’un entretien avec des journalistes. Cette annonce intervient avant même que M. Macron ne tienne une réunion virtuelle avec les dirigeants du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, les cinq pays les plus menacés par l’insécurité au Sahel.
« Des changements qui seront probablement importants seront apportés à notre déploiement militaire au Sahel le moment venu, mais ils ne seront pas faits immédiatement. Ils résulteront tout d’abord d’une discussion collective avec nos partenaires du Sahel et avec les partenaires qui ont accepté de nous aider, et ils seront basés sur les résultats obtenus et le degré d’engagement de nos partenaires », a expliqué M. Macron.
Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
Il est plus facile de comprendre qu’une attente antérieure de retrait des troupes ou même de réduction du nombre de soldats stationnés dans la région était irréaliste à court terme. Le Sahel reste l’un des endroits les plus dangereux d’Afrique et les défis sécuritaires croissants menacent la stabilité de plus de pays que ceux énumérés ci-dessus.
En 2020, l’Indice mondial de la paix a désigné le Mali comme l’un des pays les plus instables du monde. Le gouvernement du pays est instable depuis 2012, date à laquelle un coup d’État a interrompu une période de tranquillité. Le Mali est actuellement sous la direction d’un gouvernement intérimaire civil et militaire soutenu par l’Union africaine. Les Français savent de première main ce que la tâche au Mali implique, ayant perdu des soldats et d’autres compatriotes dans les turbulences de Tombouctou ainsi que de Gaou. D’autres étrangers ont également été soit pris en otage avec des demandes de rançon, soit tués par les insurgés. Pourtant, le Mali n’est qu’une partie de l’histoire.
En ce qui concerne le Burkina Faso, un rapport du gouvernement américain publié en 2020 indique que la situation dans ce pays « se détériore plus rapidement que partout ailleurs au Sahel ». Ce pays d’Afrique de l’Ouest a été contraint de faire appel à des civils dont la formation militaire a été accélérée pour aider à combattre les islamistes. Ce plan est non seulement inefficace, mais aussi délicat. Les armes en la possession de civils d’un pays ayant ses propres défis socio-économiques et un gouvernement central fragile peuvent être une source de désastre. Les autorités burkinabées ont toutefois fait valoir qu’elles n’ont guère d’autre choix, car les islamistes continuent de faire des incursions dans le nord de ce pays.
Le Tchad, la Mauritanie et le Niger – trois des pays les plus pauvres d’Afrique – continueront à dépendre du soutien de partenaires internationaux pour gérer leur part du problème qui comporte des dimensions ethniques et politiques.
Le président du Tchad, Idriss Déby, a déjà annoncé qu’il briguerait un sixième mandat, après avoir été chef de l’État depuis 1990. Comme on pouvait s’y attendre, ce n’est pas cela et la gouvernance corrompue de Déby qui préoccupent le plus les Français. Sa coopération dans le but d’éradiquer les insurgés et l’insurrection est la qualité que les Français recherchent. Les Français sont littéralement entrés en guerre pour Déby, lançant des frappes aériennes dans le nord du pays où se trouvent des rebelles tchadiens.
Il y avait très peu de raisons de s’attendre à ce que les Français se retirent maintenant du Sahel alors que l’implication américaine dans le règne de l’ordre a été tempérée. C’est l’une des décisions prises par l’ancien président Donald Trump pour démilitariser les engagements américains à l’étranger. La décision de réduire les effectifs du Commandement américain en Afrique (AFRICOM) a été critiquée par les partenaires et les experts.
Attentes pour l’avenir
M. Macron fera sans doute pression sur le nouveau leader américain Joe Biden pour qu’il reconsidère la décision de son prédécesseur. Un tel dialogue serait axé sur les difficultés potentielles que présentent les menaces terroristes pour les économies émergentes. M. Biden a parlé de la nécessité pour son pays de reprendre un rôle de leader dans les affaires mondiales allant du changement climatique à la sécurité internationale.
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