Tchad: en visite sur un campus, le ministre de l’Enseignement supérieur échappe à un lynchage. Explications
Des étudiants en colère ont voulu en découdre avec leur ministre de l’enseignement supérieur, Mackaye Hassan Taïsso. Il a échappé à un lynchage au campus de Toukra. Il doit son salut à ses gardes du corps.
Le ministre était sur le campus à l’insu des étudiants avec son homologue du Sénégal le 25 février dernier. La visite s’inscrivait dans le cadre du Salon international de l’étudiant africain. Mackaye Hassan Taïsso qui a voulu fait d’une pierre deux coups, en faisant découvrir à son homologue sénégalais le campus dit ultra moderne.
Mais pour des raisons que l’on ignore, une fois que les étudiants ont été informés de la présence de leur ministre, ils ont piqué une grosse colère.
«Au début de cette visite, les étudiants du campus n’étaient pas informés mais ils ont constaté la présence de quelques véhicules administratifs dont celui de leur ministre », explique un étudiant. Selon lui, c’est de là que ses condisciples se sont mobilisés soudainement pour s’en prendre aux hôtes. Les étudiants, après être sortis des amphis, ont commencé à jeter des pierres et à huer le ministre Hassan Taïsso.
Face à cette furie des étudiants, le ministre tchadien et son homologue sénégalais n’ont eu mieux à faire que de chercher refuge dans un amphi sous bonne protection des gardes du corps.
« Plusieurs véhicules ont été caillassés. Les deux ministres sont restés dans cet amphi prêt d’une heure et ne sont sortis qu’à l’arrivée des éléments du Groupement Mobile d’Intervention de Police. Il s’en est suivi des tirs de sommation et de gaz lacrymogène », rapporte nos confrères de Tchad infos.
Aux dernières nouvelles, suite aux évènements, 71 étudiants ont été arrêtés. Parmi eux, figurent dix filles. Ils ont été traduits au Parquet de N’Djamena, lundi 27 février 2017. Poursuivis pour destruction des biens, outrage à l’autorité de l’État et voie de fait, ils ont été auditionnés par le procureur et ses substituts. Après les auditions, deux d’entre eux ont été relâchés pour des raisons de santé. Les 69 autres sont attendus en audience publique ce 28 février 2017.
A l’image de ce qui s’est passé sur le campus, le ton avait été donné par les mêmes étudiants à la cérémonie d’ouverture du Salon international de l’étudiant africain. En présence du président Idriss Deby Itno, les apprenants avaient hué leur ministre dans la salle de conférence du Palais du 15 janvier. Même dans les couloirs, le ministre s’est fait plusieurs fois huer par les étudiants.
La réaction des étudiants est la réponse qu’ils donnent par rapport à la suppression de leurs bourses. Depuis, les mécontentements des étudiants fait l’actualité dans ce pays. Ils revendiquent actuellement six mois d’arriérés de bourses et des meilleures conditions d’études dans les campus.
Yao Junior L