Birmanie : Plusieurs policiers aux arrêts suite à des violences communautaires…Explications!
Les Rohingyas forment une communauté musulmane perdue au sein d’un pays où le bouddhisme est roi. Une bonne partie des Birmans accepte mal cette différence.
Il y a un mois, les Nations unies dénonçaient un nettoyage ethnique de la minorité musulmane rohingya par l’armée birmane. Il a cependant fallu près de deux mois pour qu’une vidéo soit diffusée sur les réseaux sociaux dans le monde entier dénonçant ce fait. On y voit des policiers frapper violemment des habitants dans la rue, puis à terre, filmés par un garde-frontière, Zaw Myo Htike, en mode «selfie».
Après la diffusion de cette vidéo, le cabinet de la dirigeante de fait, Aung San Suu Kyi, est enfin sorti de cette passivité coupable. Le gouvernement a annoncé l’arrestation des policiers qui ont été identifiés sur la vidéo, et a affirmé que «d’autres enquêtes sont en cours pour mettre fin aux agissements d’autres policiers qui auraient frappé des villageois lors de cette opération». Un changement complet d’attitude de la part d’un gouvernement, qui avait jusque-là nié la répression contre les Rohingyas, malgré les nombreux témoignages dénonçant incendies volontaires et viols systématiques de la part des forces de l’ordre sur les habitants.
« Privés de droits civiques »
Notons qu’en Birmanie, plusieurs membres influents de l’ethnie majoritaire, y compris des religieux bouddhistes, tiennent des discours haineux à l’encontre de cette minorité et des musulmans en général. Ce rejet s’est matérialisé lors des élections législatives de 2015, où le parti LND dirigé par Aung San Suu Kyi a exclu les musulmans de ses investitures, y compris les députés sortants, ce qui a produi un parlement sans aucun élu musulman pour la première fois depuis 1948. On leur a interdit tout droit politique (comme voter ou se présenter à une élection), économiques (comme tenir un magasin et commercer avec des bouddhistes) ou encore sociaux (comme avoir accès aux soins, se marier et avoir plusieurs enfants). Les dernières lois les concernant sont celles de 2012 qui interdisent tous mariage interreligieux entre Musulmans Rohingyas et Bouddhistes Birmans. Une autre loi vise aussi à entraver leur fertilité décrite comme « animale ».
« Des traitres »
Cette persécution dont sont objet les rohingyas trouve sa source dans le fait que les Rohingyas sont considérés comme des traitres. En effet, durant les deux guerres mondiales, ils ont soutenu les Anglais face aux Birmans, qui ne leur ont jamais pardonné cet acte.