Vatican-affaire Orlandi / L’Eglise catholique cache-elle un crime mystérieux depuis 40 ans ?
La disparition mystérieuse d’Emanuela Orlandi, le 22 juin 1983, est l’un des faits-divers les plus célèbres et médiatiques d’Italie. Fille d’un employé de la Préfecture de la Maison pontificale, cette adolescente de 15 ans avait disparu de Rome. 40 ans après, le Vatican traîne à livrer ses secrets pour élucider cette affaire. Retour sur cette disparition au sein même du Vatican.
Emanuela Orlandi connaitra-t-elle le repos éternel par l’élucidation de sa mort il y a 40 ans ? C’est ce que souhaitent ses proches et même certains catholiques au sein du Vatican où sa disparition continue de hanter les murs du Saint -Siège. Alors qu’elle finit un cours de musique en ce 22 juin 1983, Emanuela Orlandi disparait comme par enchantement dans l’Etat du Vatican. La police italienne alertée refuse d’enquêter arguant que le Vatican est un Etat souverain qui a sa police outillée pour cette affaire. Et puis plus rien…
Mais 40 ans après, le Vatican annonce avoir ouvert une enquête le 10 janvier 2023. « Nous ne savons pas ce que va faire le Vatican. Dans les prochaines heures, je demanderai une rencontre au promoteur de justice pour comprendre. Jusqu’à présent, le Vatican n’a rien fait », a déclaré à l’AFP, Laura Sgro, l’avocate de la famille d’Emanuela Orlandi.
Selon les milieux catholiques, et d’autres sources, l’affaire Emanuela Orlandi serait été liée au milieu de la mafia romaine, à la banque du Vatican, à l’attentat contre Jean Paul II en mai 1981 et à son auteur Ali Agça, ou encore à l’assassinat du commandant de la Garde suisse Aloïs Estermann en mai 1998, et parfois, aux quatre. Dans une lettre ouverte, Mehmet Ali Agça, libéré en 2010, avait assuré en 2019 qu’Emanuela Orlandi était vivante et qu’il fallait chercher sa trace dans les archives de la CIA. Durant son pontificat, le Pape Jean Paul II avait lancé huit appels publics pour la libération de la jeune fille. Rien n’y fit.
Ainsi, depuis 29 ans, cette affaire a connu de très nombreux rebondissements sans jamais être élucidée. En février 2012, une célèbre émission de télévision italienne avait diffusé une note interne, signée par le Père Lombardi, qui reconnaissait des «points encore obscurs» dans cette affaire. Le doute s’est installé du fait du silence gêné du Vatican depuis 40 ans. En effet, l’affaire Emanuela Orlandi a donné lieu à de rares communiqués officiels du Vatican.
Le dernier en date remonte à juin 2008, lorsque la presse italienne avait diffusé un témoignage mettant en cause Mgr Paul Marcinkus, le célèbre ’banquier du pape’ au début du pontificat de Jean Paul II. Le Père Lombardi avait alors indiqué que le Saint-Siège était «vivement attristé face à des accusations jugées infâmantes». « Rien ne laisse penser que quelque chose a été caché et qu’il y a, au Vatican, des ’secrets’ à révéler sur cette question», a assuré le Père Federico Lombardi. Cela n’était pas satisfaisant évidemment.
«N’emportez pas votre secret dans la tombe», avait lancé le prédicateur de la Maison pontificale, le 6 avril 2012 devant Benoît XVI, après avoir déploré que l’Italie connaisse trop de « délits atroces restés sans coupable». Les propos du Père Raniero Cantalamessa avaient relancé ’l’affaire Orlandi’, alors que le frère de la disparue, Pietro, appelle la collaboration du Vatican. Ce dernier a indiqué avoir rencontré récemment le secrétaire particulier du pape, Mgr Georg Gänswein. Ganswein, c’est l’homme de main de feu Benoit XVI mais aussi du pape actuel et qui s’apprête à publier un livre demain 12 janvier 2023. Que va révéler cette enquête ?