France: Un jeune homme raconte son calvaire lors de son interpellation par des policiers
Blessé par des policiers à Aulnay-sous-Bois lors de son interpellation lundi dernier alors qu’il allait rendre visite à des connaissances, depuis son lit d’hôpital Théo fait le récit à son avocat du traitement inhumain et avilissant dont il a été victime. Ledit récit a été relayé via un document sonore par nos confrères de BFMTV.
La victime explique qu’elle s’est retrouvée par hasard au milieu de l’interpellation. Les policiers sont arrivés pour procéder à un contrôle d’identité. Théo raconte qu’au regard de la violence avec laquelle il a été interpellé par les trois policiers, la seule issue était de se placer dans le champ des caméras.
« Je savais que là où on était il n’y avait pas de caméras, j’ai réussi à me débattre, je suis parti devant les caméras. Je n’ai pas cherché à fuir, j’ai dit aux policiers, ‘vous avez déchiré mon sac’, ils me répondent ‘on s’en fout’. Ils sont trois à me saisir, je leur demande, pourquoi vous faites ça, ils ne me répondent pas, ils ne me disent que des injures », explique le jeune homme.
Il raconte par la suite comment l’un des policiers est revenu vers lui et l’a volontairement blessé à l’anus avec sa matraque. Une blessure qui lui a valu une intervention chirurgicale à l’immédiat.
« Il me regarde, j’étais de dos, mais j’étais en trois quart, donc je voyais ce qu’il faisait derrière moi. Il prend sa matraque et il me l’a enfoncée dans les fesses, volontairement. Dès qu’il m’a fait ça je suis tombé sur le ventre, j’avais plus de force. Là il me dit ‘les mains dans le dos’, j’ai dû mettre mes mains dans le dos, ils m’ont mis les menottes et là ils m’ont dit ‘assieds-toi maintenant’, je leur ai dit ‘j’arrive pas à m’asseoir, je sens plus mes fesses’, et ils m’ont mis des gaz lacrymogènes dans la tête, dans la bouche, un coup de matraque en pleine tête, et moi j’avais tellement mal aux fesses que cette douleur-là semblait éphémère (…) c’était vraiment trop dur pour moi. (…) Mon pantalon était baissé, j’avais vraiment mal », déclare Théo.
Dans la suite du récit qu’il décrit, Théo fait savoir que les policiers ont tenté de l’entraîner hors du champ des caméras, mais lorsqu’un habitant du quartier est intervenu, leur demandant avec insistance ce qu’ils allaient faire au jeune homme, ils l’ont alors placé dans leur véhicule pour l’emmener au commissariat.
« J’avais du mal à marcher, je n’étais même pas moi-même. Je croyais que j’allais mourir, je marchais mais parce qu’ils me tenaient bien ». Dans la voiture, le jeune homme dit avoir subi d’autres coups, des moqueries et des insultes. Il cite notamment « espèce de salope » et « bamboula ».
Selon les déclarations de Théo, les policiers ont constaté qu’il saignait à l’endroit où l’un d’entre eux avait utilisé sa matraque. Pour ces derniers, c’était l’objet des moqueries. Après l’avoir conduit au commissariat, les policiers ont demandé au pauvre homme de s’asseoir, il répond qu’il est incapable de le faire. Un policier lui aurait demandé de s’allonger. Quelques minutes après, un agent de police décide d’appeler le Samu.
« Le Samu me retourne, il regarde la plaie et me dit ‘là c’est très grave, il y a au moins 5 ou 6 centimètres d’ouverture, faut l’opérer le plus rapidement possible. (…) Ils ont dit que j’avais perdu beaucoup de sang. (…) Le coup de bâton dans les fesses qu’ils m’ont mis, ça m’a marqué à vie, c’est une chose que je ne souhaite à personne, physiquement je suis très diminué, je n’arrive pas à bouger, là comme vous me voyez ça fait trois heures que je suis comme ça. (…) Je ne dors pas la nuit », déclare enfin Théo.
Pour la sœur de la victime, son frère est dans un état critique. « Les médecins ne sont pas capables de se prononcer aujourd’hui et de nous dire quelles séquelles il va avoir. On doit attendre, deux mois au moins. Aujourd’hui il a une poche. On nous parle de beaucoup de choses, notamment d’incontinence. Donc on ne peut pas dire qu’il va bien, il est dans un état assez critique ».