Yaya Touré, l’ancien milieu de terrain de Monaco, Barcelone et Manchester City a expérimenté ce que vivent les Noirs qui essayent de fuir l’Ukraine en guerre. En 2019, celui qui a joué en Ukraine à l’âge de 20 ans, a révélé ce qu’il a subi lors de son passage au Metalurg Donetsk. Une humiliation qui a aussi été infligée à son père sur un terrain ukrainien.
Dans un entretien au Mirror, Yaya Touré, interrogé sur les cris racistes vécus par son ancien coéquipier Raheem Sterling, s’est souvenu de sa propre expérience. Il a livré un récit qui en dit long sur le racisme sournois et très souvent manifeste qui sévit en Ukraine. Les plaintes des Africains empêchés de monter dans des trains pour fuir Kiev n’est que la face visible d’un fléau sur lequel tout le monde ferme les yeux dans ce pays.
«Je me suis d’abord senti humilié puis très en colère, a déclaré le milieu de terrain ivoirien. Les chants de singe étaient pires que tout. Je devais m’y habituer. J’essayais de jouer au football et les fans chantaient : «Black s*** !, Black**** ! Rentre chez toi ! C’était difficile. Très difficile. Et je devais continuer à y revenir. Chaque jeu. Parfois, c’était les fans de ma propre équipe qui le faisaient», témoignait Yaya Touré. Le joueur affirme que son père qui l’encourageait à tenir tête aux racistes, allait lui-même en faire l’amère expérience.
«Je me souviens d’avoir appelé mon père. Je lui ai dit : «Ils ont chanté devant moi. Papa, je me sens très mal !» Il m’a dit d’aller jouer. Etre fort. Il ne voulait pas que cela me concerne, mais il ne réalisait pas à quel point j’étais déjà affecté. Puis, un jour il est venu me voir. Il est allé s’asseoir. Tous les Blancs se sont éloignés de lui. Ils sont allés s’asseoir ailleurs. Il m’a demandé : ‘Qu’est-ce qui s’est passé ? Est-ce que je sens mauvais ?’« , demande Mory Touré, à son fils Yaya.
Yaya raconte alors qu’il renchérit en rappelant à son père ce qu’il subissait depuis quelques mois et le conseil qu’il lui a donné. « Papa, te souviens-tu quand je t’ai appelé et que je t’ai parlé des gens qui chantaient les chants de singe et que tu m’avais dit que je devais l’accepter ? Souffrir ?’ Il m’a dit : ‘Oui fils, c’est très grave.’ Il était tellement en colère. Même si vous vous y préparez, quand vous l’obtenez, vous êtes toujours sous le choc. C’est pourquoi j’ai été surpris que Raheem Sterling soit resté si calme. Il est comme mon petit frère. Quand vous avez vu ce qu’il a fait, il est sûrement le footballeur de l’année.« , se souvient celui qui a remporté le titre de meilleur joueur africain quatre années successives.
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