Afrique

Togo: des manifestations politiques réprimées par la police…des morts annoncés

Lors de plusieurs manifestations initiées par l’opposition togolaise, deux personnes ont trouvé la mort à la suite d’une violente répression de la police.

Selon le bilan du ministère de la Sécurité togolais, la manifestation politique de Sokodé, une ville située à 336 km au nord de la capitale, a fait 2 morts.

“Pour le moment, selon des sources hospitalières à Sokodé, on a enregistré 2 morts dont un par balle. La deuxième personne serait sûrement décédée dans des bousculades. Au moins 25 personnes ont été blessées dont 12 gendarmes”, a-t-il indiqué à l’AFP.

Les manifestants marchaient pour le retour à la Constitution de 1992 et le vote de la diaspora. Les marches avaient été interdites la veille, vendredi 18 août, car le PNP (Parti National Panafricain) avait refusé les itinéraires indiqués par le gouvernement et maintenu leur propre itinéraire.

Dans la capitale, des milliers de manifestants avaient répondu à l’appel du Parti national panafricain, vêtus pour la plupart de tee-shirts rouges, la couleur du PNP. Ils ont rapidement été dispersés sur le lieu du rassemblement par des gaz lacrymogènes, a constaté un journaliste de l’AFP.

Selon le ministre de la Sécurité, le colonel Yark Damehame, l’itinéraire choisi par les manifestants visait à bloquer les activités de la capitale.

Le PNP avait également prévu des marches dans certaines autres villes du Togo notamment Lomé, Anié et Kara qui ont également été dispersées, ont rapporté des journalistes de médias privés dans ces localités.

Nous sommes fatigués de ce régime. Nous voulons les réformes avant les prochaines élections. C’est tout”, a déclaré à l’AFP Idrissou Hama, l’un des manifestants au milieu de la foule à Lomé.

Nous serons dans les rues tous les samedis, si le pouvoir en place ne montre pas sa volonté de faire les réformes dans un bref délai. Nous n’avons plus peur des gaz lacrymogènes”, a renchéri un autre contestataire, Gounou Aléri.

Le président Faure Gnassingbé a succédé à son père, Gnassingbé Eyadéma qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans. Faure Gnassingbé a été réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l’opposition.

Le 3 août, les militants et sympathisants du Combat pour l’Alternance politique (CAP), le plus important regroupement de cinq partis de l’opposition, avaient manifesté à Lomé pour les mêmes raisons.

Selon le président du PNP, il est incompréhensible de compter des morts et des blessés lors d’une manifestation pacifique – « Nous avons mis plus d’une année à former nos militants aux principes de la non-violence avant d’organiser cette marche », précise-t-il – et il demande, en conséquence, l’arrestation des auteurs de ces violences et appelle toute l’opposition togolaise à l’unicité d’action.

« La liberté de manifestation est en danger. C’est pour ça que nous invitons tous les partis politiques d’opposition à se joindre à nous ; dans tous les cas, à faire en sorte que cette lutte soit une lutte nationale, et exiger d’abord que tous ceux qui ont été arrêtés soient relâchés, que, surtout, ceux qui sont morts, que l’on fasse leur autopsie, et que l’on puisse arrêter les auteurs de cette violence barbare et qu’ils soient traduits devant la justice. Voilà, nos exigences », a martelé Tikpi Atchadam.

L’opposition togolaise réclame depuis dix ans que la Constitution – modifiée en 2002 – soit révisée, notamment afin d’y réintroduire une limitation des mandats présidentiels à 10 ans au plus. L’opposition exige également un mode de scrutin à deux tours, une recomposition de la Cour constitutionnelle et de la Commission électorale.

Un projet de loi prévoyant ces réformes a été déjà rejeté en juin 2014 par le Parlement, dominé par le parti au pouvoir avec 62 sièges sur 91.

Le 3 janvier, le président Gnassingbé a nommé les personnalités d’une commission créée en janvier 2015, chargée de proposer un texte de réformes institutionnelles et constitutionnelles. Mais aucune personnalité de l’opposition n’y figure.

Boudée par l’opposition, cette commission a entamé depuis le 31 juillet des consultations à travers le pays. Elle doit recueillir des avis et suggestions de la population pour proposer des réformes qui “tiennent compte de l’histoire du pays et répondent aux aspirations du peuple togolais”.

Hippolyte YEO

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