«Réputée pour avoir des vertus aphrodisiaques et renforcer physiquement ceux qui la consomment, la viande de chien n’est pas destinée aux femmes. C’est une question de tradition. Nos aïeux leur en ont fait interdiction», explique Passoki Laré, sociologue togolais dans un média français.
Pour vous recharger en énergie et en vigueur, point n’est besoin de vous tracasser ! Du moins dans le nord du Togo où les hommes dès leurs 18 ans sont investis à une sorte d’initiation rituelle pour les rendre « homme ». Pour des attributs « aphrodisiaques », la viande canine se trouve ainsi réservée aux hommes pour les rendre apte à avoir des responsabilités dans leur communauté.
Le rite commence par une séance de «torture bienveillante», explique Kondo, un témoin de la pratique traditionnelle. Ensuite interviennent des petits supplices, «douloureux, mais supportables» pour rappeler à l’élève toutes les maladresses dont il s’était rendu coupable au long de sa jeune vie.
«Conformément à la tradition, je n’avais pas le droit de broncher. Après, ils m’ont emmené dans un lieu où ils ont versé de l’huile de viande de chien sur moi. Puis ils ont abattu sur place un chien et m’ont obligé à en manger. C’était ma première fois», ajoute-il.
Depuis des centaines d’années qu’elle existe dans la région de Kara, la tradition a fini par subir quelques aménagements. «Historiquement, avant l’indépendance du Togo en 1960, le jeune était conduit dans la brousse et devait soulever un bloc de pierre pour s’affirmer fort, en âge et en capacité de consommer la viande de chien. L’âge de la majorité a remplacé ce critère mais toute la tradition est maintenue», observe Laré Passoki, sociologue spécialiste de la culture du peuple Kabyè.
Cette étape passée, Kondo était devenu, selon la tradition, «un homme» pouvant valablement épouser une femme, fonder une famille… et continuer à savourer de la viande de chien à volonté! À l’abri des regards envieux des femmes, qui ne peuvent en consommer.
L’abattage de l’animal ainsi que la préparation se font en groupe. Et quand tout est prêt, on chante et on trinque autour du feu, souvent accompagné d’un bon «koutoukou», la bière locale faite à base de sorgho ou de mil. Rendant la viande de chien particulièrement célèbre au troisième trimestre de chaque année par le peuple Kabyè. Car à cette période se tient également la célébration de la fête traditionnelle Évala, où les différents villages de la région s’affrontent.
L’ancien Président du pays, Eyadéma Gnassingbé, lui aussi originaire du nord tenait à y assister en personne. Les festivités étaient, dès lors, retransmises en direct sur les chaînes nationales togolaises, exaltant de plus belle l’éclat de la fête. Arrivé au pouvoir en 2005, son fils, Faure Gnassingbé, perpétue cette tradition en assistant annuellement à ces célébrations, entouré de ses ministres.