Le procès de l’imam Ndao et des présumés terroristes n’a pas encore livré tous ses secrets.
Le lundi, l’accusé Lamine Coulibaly a fait face au maître des poursuites. Né en 1993, il est poursuivi pour des actes de terrorisme par menace, association de malfaiteurs en relation avec une entreprise de terroristes, financement de terrorisme, blanchiment de capitaux et apologie du terrorisme.
Lamine conteste les faits, mais reconnaît s’être rendu au Nigeria pour étudier.
« Je n’avais pas planifié ce voyage. J’étais avec Mamadou Tall et Abou Diallo. Mais mon voyage a été financé par Ibrahima Ba avec qui je fréquentais la mosquée de Yoff. Il m’a dit qu’il m’aidait en tant que frère musulman. (…) Il nous a remis à chacun 150 mille francs Cfa. »
L’accusé poursuit en faisant savoir qu’ils ont été leurrés. «A ma grande surprise, on a été trompés. On devait aller au Niger, mais pas au Nigeria. C’est après que je me suis rendu compte que nous étions au Nigeria».
« Moustapha Faye a rendu l’âme à cause des tortures »
Face aux questions du Juge, Lamine Coulibaly ne cligne pas des yeux. « Est-ce que vous n’étiez pas revenus au Sénégal pour l’installation d’une cellule terroriste ?» lui a-t-on demandé. « Non. Nous avions pris ce prétexte pour pouvoir rentrer au Sénégal », s’est-il défendu. « C’est à la suite d’une dénonciation qu’on a été arrêtés à Gaydan (Nigeria). On nous a demandés une question sur notre appartenance à Boko Haram, on a répondu par la négative. Ils ont commencé à nous torturer et nous ont emmenés en prison. Nous étions dans une petite cellule et on nous torturait sans cesse. On ne se lavait pas ».
Par ailleurs, la déclaration qui a fait sursauter l’assistance, c’est quand il a révélé le sort de son compatriote Moustapha Faye.
« Moustapha Faye est tombé malade et Mouhamed Mballo commençait à perdre sa tête. On a été transférés dans une autre prison. Les tortures n’avaient pas cessé et Moustapha Faye a fini par rendre l’âme. Après son décès, ils nous ont déplacés dans une autre prison où nous avons fait deux semaines avant d’être transférés à Abuja. C’est après que l’ambassade du Sénégal au Nigeria est intervenue pour négocier notre libération.
Autre accusé, autre révélation
Devant la barre, l’accusé Abou Diallo a fait de terribles révélations. Il avoue qu’un certain Makhtar Diokhané avait prévu de mettre en place une cellule terroriste au Sénégal. « Makhtar Diokhané nous avait révélé avoir l’intention d’installer des cellules djihadistes à travers le Sénégal. Pour ce faire, il comptait sur la disponibilité des frères combattants sénégalais qui avaient subi des entraînements dans les rangs de Boko Haram. Nous avions tous consenti à ce projet mais, après avoir quitté les rangs de Boko, j’ai décidé de me départir de toute activité djihadiste. C’est pour vous dire que ce projet est tombé à l’eau en ce qui me concerne ».