Le Président Macron est dans un jeu de soliste indéchiffrable. Après avoir adoubé la junte militaire qui a pris le pouvoir au Tchad et installé le fils de Déby dans une succession dynastique, le voilà qui revient dire le contraire. Condamnant vivement les militaires qui sont en train de réprimer les Tchadiens qui veulent le respect de leur Constitution.
Depuis les premières heures du 27 avril, des Tchadiens sont dans les rues pour dire non à la junte militaire du fils d’Idriss Déby. En plus de leur réprobation du mode d’accession de Mahamat Idriss Déby au pouvoir, ces Tchadiens se plaignent du quitus que la France a donné aux militaires par sa participation aux obsèques organisées par des personnes illégitimes.
Ces Tchadiens accusent donc Macron d’avoir entériné un coup d’État qui entre dans la droite ligne des pratiques peu orthodoxes de la fameuse Francafrique. L’ampleur des manifestations et la répression brutale de la junte au pouvoir semblent avoir fait réfléchir Macron. Et surtout, le message clair des manifestants devrait inquiéter à l’Élysée.
C’est certainement pour ne pas laisser grandir le fameux « sentiment antifrançais » au Tchad que Macron s’empresse de condamner la répression. Mais dans son message plutôt sibyllin, Macron veut laisser croire qu’il est en train de prendre ses distances avec la junte dont l’agenda n’est pas encore clairement défini.
Dans son communiqué sur la situation au Tchad, Emmanuel Macron dit condamner «avec la plus grande fermeté la répression». Si Macron rappelle que la France soutenait une «transition pacifique, démocratique et inclusive», il indique pour autant qu’il n’est pas «pas pour un plan de succession» de Déby père à Déby fils. Pourquoi alors Paris ne condamne pas clairement la prise de pouvoir par la junte ? Cette claudication de la diplomatie française n’est guère rassurante. Un pompier-pyromane est en action…