Sierra Leone: Les filles enceintes autorisées à aller à l’école
L’interdiction de scolariser les filles enceintes a été annulée en Sierra Leone le lundi 30 mars, à la suite d’une lutte menée par des militants des droits humains pendant cinq ans.
L’interdiction avait été rendue publique dans le pays en 2015 après une augmentation des viols, des abus et de la pauvreté pendant l’épidémie meurtrière d’Ebola qui a provoqué une flambée des grossesses chez les adolescentes. Les chiffres de l’ONU évoquaient le chiffre de 14.000 filles étaient enceintes à l’époque..
Alors que le gouvernement insistait sur le fait que les filles enceintes seraient stressées en allant à l’école, exposées au ridicule et encourageant indirectement d’autres filles à tomber enceinte, les critiques ont estimé que l’interdiction augmentait la stigmatisation et faisait reculer des milliers de personnes dans leurs études.
Des groupes de la société civile avaient saisi la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) après avoir vu échouer leurs recours devant les instances nationales.
La juridiction régionale a ordonné en décembre la levée immédiate de l’interdiction.
Une déclaration annulant l’interdiction disait ceci : « Le Ministère de l’éducation de base et de l’enseignement secondaire supérieur (…) annonce par la présente que « l’interdiction des filles enceintes scolarisées » est annulée avec effet immédiat. »
« Le renversement de l’interdiction est la première étape de la construction d’une Sierra Leone radicalement inclusive où tous les enfants peuvent vivre et apprendre dans la sécurité et la dignité ».
Le ministre de l’Éducation, David Sengeh, a en outre révélé que l’interdiction sera remplacée par deux nouvelles politiques axées sur « l’inclusion radicale » et la « sécurité globale » dans le système éducatif.
Judy Gitau, coordinatrice pour l’Afrique du groupe de défense des droits des femmes Equality Now, qui a travaillé avec le gouvernement, a déclaré que la politique de sécurité comprendra des mesures pour protéger les filles contre les violences sexuelles dans les écoles.
Reuters a rapporté que des groupes de défense des droits humains avaient déposé une plainte contre la Sierra Leone auprès du plus haut tribunal d’Afrique de l’Ouest en 2018. Le tribunal a statué en leur faveur en décembre, déclarant que l’interdiction était discriminatoire et violait le droit à une éducation égale.