Le Sénégal vient de connaître le plus grand nombre de candidats à la magistrature suprême. Au total, 94 personnes se sont déclarés à la Direction générale des élections (Dge) en vue du démarrage des opérations de collecte pour le parrainage. Une situation inquiétante mais qui s’avère rassurante pour le parti au pouvoir, qui aura eu raison d’instaurer un système de parrainage décrié par l’opposition, et visant à réduire le nombre de candidatures. “Si on n’avait pas ce parrainage, on passerait une semaine à voter”, s’est réjouit Aminata Touré, en charge de la mobilisation et du parrainage à l’APR, parti présidentiel.
Néanmoins, ce nombre devrait être pris avec des pincettes. Car même s’il est vrai que la découverte du pétrole et donc l’espérance d’en tirer des centaines de milliards de FCFA puisse expliquer cette pléthore de candidatures, il faudrait faire une observation à la loupe pour déceler celles stratégiques et/ou qui relèvent de la farce.
Déjà, sur la liste publiée par le ministère de l’intérieur, le numéro 1 de la liste M. Dougoutigui Soumbounou, est le coordonnateur de la coalition pour la réélection de Macky Sall, ainsi que Mohamed Tété Diédhiou de la coalition Macky 2012, pour ne citer que ceux-là.
D’ailleurs, vous pourriez vous amuser à mettre les noms des candidats sur internet, pour voir les articles de presse les concernant. Bref, au total, vous aurez décompté une trentaine de candidats militant au parti au pouvoir, une autre trentaine qui sont tellement impopulaires qu’ils ne visent pas plus loin qu’un poste ministériel.
Pendant ce temps, certains candidats sont au cœur de frasques et de moqueries. Il s’agit notamment de Bougane Gueye Dany, du mouvement Gueum Sa Bopp, qui a été sous le viseur de Ndiaw Fall de la Convergence des Jeunes Républicains (Cojer).
Ce jeune souteneur du président Sall a tiré à boulets rouges sur celui qui a engrossé puis épousé une de ses employés, laissant croire que Bougane est un coureur de jupons.
Dans le même temps, la guéguerre des anciens Premiers Ministres sous Macky reprend de plus belle. En effet, Mimi Touré a freiné l’enthousiasme d’Abdoul Mbaye en utilisant comme arme le parrainage.
« Avec ses 7000 voix aux législatives de 2017, Abdoul Mbaye a du pain sur la planche pour être candidat à la candidature ! », lui lance-t-elle en pleine figure, avant d’ajouter: «je lui conseille de se consacrer à la tâche gargantuesque pour lui de recherche 53.000 parrainages ».
Réponse du berger à la bergère, Abdoul Mbaye n’a pas mâché ses mots. Lui qui a voulu éclairer la lanterne des uns et des autres sur la différence entre être candidat à la candidature et être candidat à la présidentielle, car le premier pouvant aboutir au second.
Par ailleurs, il s’est prononcé sur les résultats du sondage qui placerait le président Sall vainqueur avec 54%.
«Qu’ il nous dise de quel sondage il s’agit et comment il l’a organisé. Malheureusement on est dans un pays où la loi est souvent bafouée », s’est-il désolé.
« Quand on les entend chanter sur tous les toits qu’ils vont passer au premier tour, on sait ce qu’ils veulent faire », alerte Abdoul Mbaye.
De l’autre côté de la rive, Karim Wade, dont le nom figure sur la liste des candidats à la candidature, a pondu une lettre pour dénoncer le président de la Cour suprême Badio Camara. “La complicité de Badio Camara avec Macky Sall est manifeste”, avise le fils de l’ancien chef de l’Etat. Alors que Karim Wade sera fixé sur son sort concernant le rejet de son inscription sur les listes électorales ce 30 Août, il parle déjà de complot politico-judiciaire.
“À la veille de cette audience, je tiens à bien faire comprendre que M. Badio CAMARA est au cœur du dispositif mis en place par Macky SALL pour instrumentaliser la justice contre ses opposants politiques.”
Une chose est sûre, malédiction ou pas, le pétrole est en train d’attirer des profils des plus probables aux plus incertains pour briguer un mandat présidentiel.