“Attention à la folie des grandeurs !” c’est la mise en garde qu’a faite Samba Oumar Fall. A travers un billet, ce journaliste chevronné du quotidien national sénégalais et par ailleurs écrivain met en garde les hommes à propos des dépenses capricieuses de leurs épouses et enfants, dont ils peuvent se passer. Afrikmag vous propose in-extenso le post, que l’auteur a publié sur Facebook.
“Sous nos tropiques, Tabaski rime avec ripailles. Tous les moyens sont bons pour faire bombance. Emporté par l’esprit des fêtes, on perd totalement la maîtrise des dépenses. Autrefois, la Tabaski était un moment privilégié de partage, de solidarité, de communion, de convivialité et de pardon.
Aujourd’hui, l’excès a pris le pas sur toutes ces valeurs. Sur la ligne de départ, les chefs de familles partent à l’assaut des foirails, marchés et grandes surfaces pour faire plaisir à leurs progénitures. Malheur à la bourse qui explose ! L’argent est devenu quasi introuvable, mais on ne se soucie guère de la crise qui a envoyé groggy beaucoup de braves gens.
Quand les femmes entrent en piste, bonjour les dépenses qui défient toute logique. Elles saignent leurs époux ou se saignent pour rester tendance et faire face à la concurrence. Tissus à la mode, coiffure à la mode, bijoux à la mode, chaussures à la mode, sans compter les soins esthétiques, sont au menu des folles exigences… Tentées parfois par le gout du luxe ou contaminées par le mimétisme social, elles rendent la célébration de cette fête dispendieuse. Et gare au mari chiche, qui rechigne à combler les désirs de sa moitié !
A l’approche de la Tabaski, le stress et l’angoisse sont les plus fidèles compagnons de nombre de chefs de familles qui ont vu leur espérance de vie chuter vertigineusement. Pour un oui ou pour un non, la tension monte et des couples se disloquent.
Folie des grandeurs, quand tu nous tiens !
Pendant cette fête, on dépense plus que ce que l’on perçoit par mois, oubliant que la vie continue après. On thésaurise ce qu’on gagne difficilement pendant toute une année pour le dilapider en un clin d’œil. Qu’importe ! L’essentiel pour certains, c’est de ne pas être la risée du voisinage, des amis ou de la belle-famille. Pour paraître généreux, on accumule des dettes à gauche et à droite pour être ensuite traqué, pourchassé comme un gibier par son impitoyable créancier. Même ceux qui tirent le diable par la queue ou le recherchent pour lui tirer la queue se permettent certains excès.
Le constat est que d’année en année, les dépenses consacrées à la Tabaski explosent. Et la conjoncture ne nous apprend malheureusement jamais à remettre en cause l’ordre de nos priorités.
La Tabaski, c’est juste un jour ; même si ce n’est pas un jour comme les autres. On doit donc éviter toutes ces folies et revenir à l’ordinaire en limitant tout simplement nos envies.
A vous de juger. Après tout, chacun ne dépense que son argent.
Sans rancune. »