Russie : plus de 2 000 Nigérianes contraintes de se prostituer après le Mondial 2018-Photo
Plus de 2 000 Nigérianes arrivées en Russie l’année dernière pour la Coupe du Monde de la FIFA comme des supporters ont été forcées à l’esclavage sexuel et à la prostitution par les trafiquants qui les ont amenées dans le pays.
Blessing Obuson, une adolescente originaire de l’État d’Edo était l’une d’elles avant sa libération récemment.
Blessing Obuson pensait que la Coupe du monde serait l’occasion de trouver un emploi, alors la jeune femme âgée de 19 ans s’est rendue à Moscou en juin dernier. Au lieu de cela, elle s’est retrouvée contrainte à la prostitution.
Elle est arrivée en Russie avec une carte Fan ID, un passeport de supporter qui vous dispense de visa pour votre entrée sur le territoire et qui permet également aux supporters d’emprunter des transports. Cependant, elle ne permet pas de travailler.
Malgré cela, Obuson a déclaré qu’elle avait espéré travailler comme vendeuse pour subvenir aux besoins de sa fille de deux ans et de ses frères et sœurs qui vivent au Nigeria.
Cependant, elle a été enfermée dans un appartement dans la banlieue de Moscou et contrainte de se prostituer avec 11 autres Nigérianes. Elles étaient sous la supervision d’une patronne, également originaire du Nigeria.
Obuson a déclaré que la patronne avait confisqué son passeport et lui avait dit qu’elle ne le récupérerait qu’une fois qu’elle aurait réglé une dette fictive de 45 000 euros
La jeune femme a raconté son histoire à un client anglophone et ce dernier a informé les anti-esclavagistes.
Selon son avocat et les déclarations des procureurs, deux Nigérians ont été arrêtés et inculpés de traite des êtres humains après une opération d’infiltration au cours de laquelle ils ont accepté de vendre Obuson pour 38 000 euros à un policier se faisant passer pour un client.
Le cas d’Obuson n’est pas isolé. Reuters rapporte que huit Nigérianes âgées de 16 à 22 ans ont déclaré avoir été emmenées en Russie avec des cartes Fan ID et forcées à se prostituer.
« Ils ne vous donnent pas à manger pendant des jours, ils vous giflent, ils vous frappent, ils vous crachent au visage… C’est comme une cage », a déclaré une victime âgée de 21 ans.
En septembre, une Nigériane a été tuée par un homme qui refusait de payer pour des rapports sexuels, a déclaré la police russe.
L’ambassade nigériane l’a ensuite identifiée comme étant Alifat Momoh, 22 ans, arrivée en Russie avec une carte Fan ID.
La police russe a déclaré que 1 863 Nigérianes qui étaient entrées dans le pays avec des cartes Fan ID n’avaient pas quitté le pays le 1er janvier, date à laquelle leurs cartes sont arrivées à expiration.
Kenny Kehindo, qui travaille avec plusieurs ONG moscovites pour aider les victimes de la traite sexuelle, a déclaré que plus de 2 000 Nigérianes ont été amenées en Russie avec des cartes Fan ID
« Plusieurs sont encore en esclavage », a déclaré M. Kehindo, ajoutant qu’il avait aidé une quarantaine de femmes à retourner au Nigéria.
Il a appelé à une plus grande coopération entre les autorités et les ONG de lutte contre la traite des êtres humains lors des grands événements sportifs.
Si des poursuites ont été engagées dans l’affaire Obuson, la police n’a pas été en mesure d’agir contre les trafiquants présumés dans d’autres affaires en raison du manque de preuves.
Crédit photo : abc