Affaire de costumes: Robert Bourgi rompt le silence et accuse Fillon de l’avoir « poussé à mentir »
Finalement, Robert Bourgi a décidé de parler, lui qui était resté muet depuis le début de « l’affaire des costumes » offerts à François Fillon au lendemain de sa victoire à la primaire de la droite. L’avocat a réagi dans un entretien accordé à Médiapart, jeudi 13 avril. Il a décidé de donner sa version des faits.
Selon Robert Bourgi, le candidat de la droite et sa directrice de la communication l’ont appelé à plusieurs reprises dans les jours qui ont précédé et suivi les révélations sur ces cadeaux estimés à 13.000 euros afin qu’il nie être le bienfaiteur.
« Pendant six jours, du samedi ayant précédé les révélations du ‘Journal du dimanche’ au vendredi suivant, François Fillon et sa très grande papesse de la communication, Anne Méaux, ont souhaité que je ne dise rien concernant l’identité de la personne qui a offert les costumes : moi. L’un et l’autre m’ont appelé dès le samedi après-midi (la veille de la publication du ‘JDD’, ndlr) pour que je ne dise pas que c’était moi », raconte Robert Bourgi.
L’homme des couloirs de la françafrique révèle par ailleurs que François Fillon aurait fait appel à la solidarité gaulliste pour le convaincre. « A plusieurs reprises, il a fait appel à ma solidarité de gaulliste ». Une intimidation à laquelle Robert Bourgi a cédé dans un premier temps : « J’ai été contraint pendant une semaine de mentir ». Lorsque Le Monde l’a appelé pour vérifier la rumeur, il a finalement avoué être le bienfaiteur.
Concernant leur relation, Robert Bourgi a fait savoir qu’il sollicite « souvent » les conseils de Fillon sur « la politique africaine » depuis les années 1970 : « François Fillon est un ami de très longue date ».
Bourgi déclare enfin que Fillon va perdre les élections parce que les sarkozystes ont juré sa perte : « J’ai peur du scénario de 1981, lorsque M. Chirac ou ses partisans ont fait payer lourdement à Valéry Giscard d’Estaing le sort qu’il avait réservé à Jacques Chirac. (…) J’ai peur de la réaction des vrais gaullistes et des vrais sarkozystes ».