Révélation : Yahya Jammeh aurait ordonné l’exécution de 44 Ghanéens en 2005
Après avoir nié pendant des années son implication dans le meurtre de plus de 56 migrants ouest-africains en Gambie, des anciens soldats de Yahya Jammeh ont fait des révélations glaçantes sur l’ancien président.
Deux soldats gambiens qui travaillaient pour Yahya Jammeh ont admis mardi avoir participé, sur ordre de l’ex président, à l’exécution de 56 migrants ouest-africains, dont 44 Ghanéens en 2005.
Les familles des victimes ghanéennes ont lancé l’année dernière une campagne avec le soutien de groupes de défense des droits de l’homme pour traduire Yahya Jammeh en justice et obtenir justice.
Ces nouveaux appels à la justice ont été lancés sur la base de nouvelles preuves de Human Rights Watch et de Trail International qui ont établi un lien entre l’ex président et les meurtres.
Pendant 13 ans, tous les efforts pour obtenir justice sont devenus difficiles parce que M. Jammeh était au pouvoir, mais les familles des victimes espèrent que les dernières révélations le mèneront devant la justice.
Ce qui a été caché, c’est une confirmation officielle du camp de M. Jammeh sur la façon dont les migrants ont été tués.
Confession
Le lieutenant Malick Jatta et le caporal Omar A. Jallow ont révélé mardi à la Commission vérité, réconciliation et réparations (TRRC) de la Gambie que les migrants ont été exécutés par l’escouade « Junglers » à la frontière gambienne en territoire sénégalais.
« On nous a dit que c’étaient des mercenaires », a déclaré Jatta. Il a avoué avoir tiré sur l’un des migrants et l’avoir tué.
« J’ai entendu des gens crier dans la forêt : « Sauvez-nous Jésus », affirme Jatta.
Jallow a également déclaré à la TRRC que le lieutenant-colonel Solo Bojang, le chef de l’opération, avait dit aux hommes que « l’ordre de Yahya Jammeh est qu’ils soient tous exécutés ».
Les aveux de Jatta et Jallow corroborent les conclusions d’un rapport de mai 2018 de Human Rights Watch et de TRIAL selon lesquelles les migrants ont été assassinés par les « Junglers ». Yahya Jammeh a toujours nié toute implication dans ces meurtres.
« Le témoignage des hommes de main de Jammeh confirme que les migrants ont été assassinés par des escadrons de la mort paramilitaires sous les ordres du président Jammeh », a déclaré Reed Brody, avocat à Human Rights Watch.
« Il est temps de faire toute la lumière sur la responsabilité de Jammeh », a-t-il ajouté.
Yahya Jammeh a dirigé la Gambie pendant 22 ans jusqu’à ce qu’il soit chassé du pouvoir en 2017. Mais son pays est resté dans un état lamentable en raison des nombreuses informations faisant état d’exécutions extrajudiciaires, de tortures et de disparitions forcées sous ce régime.
La Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) de la Gambie a entendu des récits de témoins alors qu’elle enquêtait sur les événements de l’ère Jammeh.
Les travaux de la commission offriront principalement une certaine indemnisation aux personnes qui ont subi des actes de torture, des attouchements et d’autres crimes, y compris des assassinats sous le régime de M. Jammeh.
Onze commissaires entendent les témoignages de témoins et espèrent documenter l’ampleur des abus d’ici octobre 2020.
Crédit photo : mailandguardian