RDC : un vice-ministre dénonce la « mafia » au sein de son ministère
Pour les mafieux, toutes les éventualités sont des opportunités de mangeoire. Le coronavirus serait ainsi l’une des sources de ravitaillement d’un « réseau de mafieux » siégeant au ministère de la santé en République démocratique du Congo.
Selon le vice-ministre congolais de la santé, des réseaux de mafieux se seraient formés au sein de son ministère. Ils travaillent à « détourner » des sommes allouées pour la lutte contre le nouveau coronavirus qui fait déjà plus 7.737 cas de contaminations avec 184 décès dans l’Etat congolais.
« Au ministère de la Santé il existe des solides réseaux mafieux créés à dessein pour détourner ces fonds », écrit le vice-ministre de la Santé Albert M’Peti Biyombo dans un « Mémorandum » adressé au Premier ministre Sylvestre Ilunga. « Ces réseaux mafieux exigent des rétrocommissions jusqu’à hauteur de 35% auprès des structures bénéficiaires de ces fonds », ajoute-t-il.
Le document de trois pages jugé authentique par une source parlementaire a été classé « très confidentiel » sans avoir pu s’échapper à une fuite de contenus sur les réseaux sociaux sur fond de crise politique au sein de la coalition au pouvoir.
Le vice-ministre de la Santé et le Premier ministre sont des membres du Front commun pour le Congo (FCC) de l’ex-président Joseph Kabila tandis que le ministre de la Santé Eteni Longondo est lui, membre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti de l’actuel président Félix Tshisekedi.
« Le ministre de la Santé signe seul le décaissement de gros montant et ne m’a jamais associé dans la gestion de ces fonds sauf des petites sommes », dénonce le vice-ministre de la Santé, affirmant qu’il devrait « contresigner ». Albert M’Peti Biyombo aurait d’ailleurs refusé de signer deux « documents financiers non prioritaires et complaisants ».
Le 3 juillet, un député FCC, François Nzekuye, a également dénoncé « la gestion financière catastrophique au sein du ministère de la Santé » où des « sommes importantes seraient décaissées en dehors de toute orthodoxie financière ».
Cet élu dénonçait une formule de « rétrocommission qui iraient jusqu’à 35% » et « d’enrichissement illicite » au ministère.