Mon ami,
Au dernier jour de mon voyage en Guinée, M. Diallo a été ponctuel. Nous avions rendez-vous. J’ai su que c’était lui à cette façon méconnue d’entendre frapper à la chambre 102. L’Hôtel de l’Université Gammal était déjà éveillé. Timothée avait pris son vol retour pour Ouaga.
M. Diallo n’a pas attendu longtemps. Le temps pour moi de ranger une ou deux affaires supplémentaires ; ma valise était faite depuis la veille. Savoir voyager nous été enseigné par la JCI.
De Dixinn à Sonfonia Gare, les embouteillages étaient ponctués de PA où logeaient des policiers et des gendarmes pour contenir une colère devenue trop explosive entre Rouges contre Jaunes. 45 minutes en voiture. Et Conakry pleine de vies ce dimanche s’offrait dans sa frénésie des jours quiets. Du commerce, des affaires, de la vie, du contact…
L’escale a été fructueuse chez M. Diallo. Une causerie autour du livre entre des confrères du Sénégal, du Ghana et moi. Il y avait surtout l’oncle de M. Diallo. Un cousin éloigné de M. Diallo Telli. Tous étaient de Porédaka.
Justement, des enfants de Porédaka tenaient conclave. M. Diallo nous y a invités pour nous montrer un potentiel marché. Nous n’avons pas refusé, même si le temps commençait à nous être compté. Nous avons bien fait.
Sous un appatam, la chaleur de l’accueil pour cette visite imprévue fut vivifiante. Il y avait des femmes. Il y avait des jeunes. Il y avait des hommes d’âge. Venus de Porédaka dans le Mamou, leur association œuvrait a développer cette région située de 300 km de Conakry. Ils aidaient les 8 districts, les 5 collèges et les 45 écoles à vivre en portant des projets avec l’aide de la diaspora. Ils avaient ainsi offert 3000 livres à leur région et songeaient, chaque année depuis 2003, à rendre meilleure la vie pour les leurs éloignés du coeur du pays. Et ils préparaient la commémoration de la bataille de Porédaka.
La bataille de Porédaka eut lieu en 1896 entre les colons armés et les hommes de l’Almamy Bokar Biro du Fouta-Djalon. Il fut vaincu. Mais il reste dans l’imaginaire guinéen comme un résistant respectueux de la constitution, même quand Mody Abdoulaye le menaçait. Porédaka est aussi célèbre pour avoir donné à la Guinée Diallo Telli (s’il avait écouté les Sénégalais !) et Tierno Monénembo. Porédaka est considéré comme le Quartier Latin de la Guinée.
En quittant la Guinée, j’ai salué l’action des hommes et des femmes qui font Porédaka en devançant le gouvernement.
Ce genre d’initiative existe-t-il chez vous ? Sous quelle forme ? Avec quels acteurs ?
Ce sont des questions africaines ouvertes. Partageons nos expériences.
A vendredi.