Question Africaine 17 : Fautes dans les manuelles scolaires en Cote d’Ivoire : entre responsabilité, culpabilité et sabotage, sacrifie-t-on l’avenir des enfants au nom d’une bataille macabre ?
Mon ami,
« Il n’y a de richesses que d’hommes. » C’est la pensée la mieux connue de l’économiste humaniste français Jean Bodin. Sa pensée est bien parvenue à notre monde contemporain. Non seulement, elle fait la misère des candidats aux concours administratifs, mais aussi, elle soutient pour beaucoup, les efforts d’amélioration des hommes par la formation. Quand j’ai dit formation, tu penses bien à l’école. Justement, ce dont je vais te parler, mon ami, touche l’école et l’avenir de nos enfants.
C’est peu dire que dans notre Afrique, du primaire au supérieur, les déserts scolaires, le surpeuplement des classes et des amphithéâtres, de même que les grèves ont fini par devenir des coutumes de l’appareil de formation. On s’y accoutume en soupirant : » On va faire comment !? ».
Une nouveauté est apparue en Eburnie qui aime les modes en tous les genres : les manuels scolaires truffés des fautes élémentaires.
Du jour au lendemain, et comme par un mauvais enchantement, nos livres de la maternelle, du primaire ont commencé à servir des fautes à nos enfants. « Un truelle », » un gazelle », « source orales », « La cabri », « vertiges de l’histoire », un où » à la place d’un « ou », notre « devoire », tes légions « ramplies », un exercice de math dans un livre de français, un anglais mal enseigné… J’en passe pour ne pas m’attarder sur ce décompte malheureux.
Au début, la toile en a ri, badinant de choses si sérieuses. L’AECI, entendez Association des Écrivains de Cote d’Ivoire, a lancé le débat pour situer les responsabilités entre auteurs ou éditeurs.
Et puis l’affaire est arrivée, direct, sur la table des hauts responsables de l’éducation. Un premier éditeur, épinglé, s’est excusé, avec encore des fautes, avant de trouver une porte de sortie. Sauf que voilà, plusieurs livres de plusieurs éditeurs sont incriminés. Aucun ne songe cependant à dédommager les parents en remplaçant les livres en question. Certains ont appelé à des démissions, d’autres à des procès.
Mon cher,
Le Gouvernement a dû réagir et des enquêtes seraient en cours, poursuivant les pistes d’un sabotage en règle des efforts nationaux. Les yeux pourraient aller vers des filières de l’ombre, vers des opposants… Enfin ! Les parents d’élèves amorphes et se plaignant dans leurs salons, veulent des têtes. Du côté de la chaîne du livre comme de celle des responsables de l’éducation la prudence est de mise car il ne faut pas tout mélanger.
Si ce sont des erreurs de frappes, alors les éditeurs devraient faire attention et profil bas. Si c’est la responsabilité du Ministère, il faut en tirer quelques conclusions autant sur les hommes que sur le système de validation des ouvrages. Mais si c’est du sabotage, il faut alors désespérer de la politique qui met ainsi en danger l’avenir de nos enfants pour des luttes de pouvoir.
Comme il n’y a de richesse de d’hommes, fais attention aux livres que tu achètes et suis souvent les études de tes enfants.
Où situez donc les responsabilités ? C’est une question africaine ouverte. Vos avis nous intéressent.