Question Africaine 14 : Chômage des jeunes africains, comment on en sort ?
Mon ami,
Figure-toi que j’ai revu notre Aquilas. Oh, le jeune a suivi son chemin et ouvert un cabinet dédié à l’emploi. Je lui ai demandé pourquoi ce manque de travail.
Aquilas, avec le flegme que tu lui connais, a fait oeuvre de sagacité :
« Souvent, je me demande si la question du chômage est bien posée. Mes amis jeunes débordent d’énergies et créent des entreprises partout, comme à Abidjan : « Développe sexe » , « Jeune homme très viril
cherche femme de tout âge »… Sauf que ces pseudo-entreprises informelles pour démonstration de virilité sont des raccourcis qui ne créent pas de richesses.
Pour être plus sérieux, cher aîné, si nous voulons solutionner le chômage des jeunes, il faut déjà en trouver les causes. Il est si élevé : 60% de l’ensemble des jeunes africains selon La Banque Mondiale, parce que nos États manquent de ressources humaines capables de produire de la richesse ».
– Ah bon ?! Mais ce continent est riche en haut comme en bas. Alors, dis-moi, Aquilas !
Et Aquilas de Continuer :
» Oui, aîné ! Vois-tu, notre système éducatif, on ne va se mentir, n’est pas en adéquation avec les réalités actuelles. Parler de la Révolution française à la fac ? Pourquoi pas !? Mais apprendre surtout comment on gère une entreprise, monte un projet… voilà qui améliorerait l’employabilité et l’esprit d’entrepreneuriat. Faire des expériences dans des labos vides, ça permet de valider les UE, mais pas de s’offrir un emploi concret.
Il est donc indispensable de challenger notre système de formation actuel. Je ne demande pas de le supprimer, mais de l’adapter en formant dès les petites classes à entreprendre et transformer ainsi les esprits passifs et consommateurs en réelles forces de production. »
– Donc former pour entreprendre. Juste ça ?
Aquilas a continué :
« Après, il y a ces jeunes qui se débrouillent bien qui sont très vite
broyés par la pression fiscale. Une fiscalité plus incitative permettrait de créer davantage d’emplois.
Certes, il y a la responsabilité de mes jeunes amis Africains. Aujourd’hui, la connaissance est plus disponible qu’hier. Mais très peu s’intéressent à leurs propres développement personnel et professionnel. Je sais, je sais : ils attendent l’État, qui attend Breton Woods, qui lui-même attend l’État qui lui doit des tonnes d’argents. Cercle des vices !
Nous sommes dans une ère d’opportunités. La jeunesse de la population (77,7% ) est une richesse humaine pour réduire le chômage. Mais elle deviendra une grande menace si on la laisse sans emploi. Il importante de traiter ces questions avec sérieux de peur de nous mettre des mines antipersonnelles le long du chemin. »
Quand Aquilas a fini par ces mines, j’ai me suis dit que nous nourrissions les djihadistes. C’est peut-être plus facile à dire qu’à faire, créer des emplois. Mais si chacun faisait sa part…
Selon vous, comment vaincre résolument et durablement le chômage des jeunes Africains ? C’est une question africaine ouverte.
Vos avis nous intéressent.
A lundi.
Avec la précieuse contribution de Yao Aquilas, Consultant-formateur à Abidjan.