Question Africaine 12 : Deux SALL pour deux WADE : le dégel sénégalais peut-il faire tâche d’huile ?
Mon ami,
J’ai appris que tu avais quitté le Cameroun qui s’est assis sous l’arbre des palabres pour s’écouter en anglais et se parler en français. Que tu avais posé tes pieds au pays Wolof en provenance du pays Bantu. Et que tu espérais tirer de la méthode sénégalaise des lumières sur les gouvernances démocratiques d’Afrique. NAGADEF ! J’attends tes conclusions.
Laisse-moi te parler justement du grand Marquis du pays Wolof, en débutant mon propos par un proverbe salace entendu sur ce net : « LA VIE, C’EST COMME UN ANUS DE POULE. PARFOIS IL EN SORT UN C… DIARRHÉIQUE. D’AUTRES FOIS, IL EN SORT UN ŒUF. » Il faut croire, par Lat Dior, que ses fils ont décidé de donner un exemple de fraternité, d’unité, de magnanimité, d’africanité comme on en rêve trop peu.
Le Géant Diouf, bénéficiant des fatigues du sage académicien Senghor, pacifia un Sénégal acquis à la cause des présidents françafricains. Il gouverna de 1981 à 2000, consolidant la démocratie dans la capitale de l’ex AOF. Quand 2000 sonna, Wade lança ses dernières forces dans sa quête du Graal. Il faut reconnaître sa pugnacité. En 1978, 1983, 1988, 1993, il tenta, tomba, pataugea, fut dribblé, mais jamais ne lâcha. Sa persévérance fut favorable et Wade sacré en avril 2000. SOPI ! Pour une République des valeurs avec le PDS ! Sa gouvernance dura 12 ans.
C’est en 2012 que, sortant comme un lapin du propre chapeau de Wade, Sall prit le pouvoir. Au début, Wade ne voulut pas partir. Le Sénégal dut lui remettre les idées en place. Sall dut laver le linge salle. A sa manière.
Ce qui fâcha Wade, c’est qu’il ne comprenait pas pourquoi son fils Karim fut poursuivi. Ce qui fâcha Sall, c’est que Karim faisait comme au temps de son père. Sall imposa du respect à son ancien mentor. Il régla ses challengers et finit par écrouer Khalifa Sall.
Wade récrimina, Khalifa vociféra, mais un President est un élu. Et il dirige. Karim s’enferma au Qatar. La tension monta au Sénégal. Sall fit son mandat 1. Et il gagna son mandat 2. Dès lors, que lui resta-t-il comme geste ? Le dégel que tout le pays Wolof attendait.
Le 27 septembre 2019, Wade se réconcilia avec Wade père. Poignée de mains. Le Sénégal sourit. Le 29 septembre, Sall gracia Sall. Il faut dire que Khalifa ne savait pas bien ce qu’il faisait dans les prisons dakaroises.
A l’heure où les pays de l’ex AOF vont lancer les élections en 2020, tous les Macky Sall de ces Etats ont dans leurs poches leurs Karim, Khalifa et Wade. Opposants pénibles à supporter. Pourtant, il faut perser le ballon de bodruche des suspiscions. L’exemple ne peut que venir de la source même des tensions : les acteurs politiques.
En Cote d’Ivoire tendue, au Togo secoué, au Burkina attaqué, au Mali terrorisé, au Cameroun bilingue… Les chefs d’État pourront-ils faire comme Makcy Sall ? Le doivent-ils ?
C’est une question africaine ouverte. Vos avis nous intéressent.
A lundi !