Il est de plus en plus difficile d’imaginer ce qui n’a pas été dit sur la vie et les leçons de Kwame Nkrumah, le leader de l’indépendance du Ghana, l’homme que le Département d’État des États-Unis a décrit comme ayant fait plus pour saper les intérêts américains en Afrique « que tout autre Africain noir. »
Cet aveu figure dans une révélation du Bureau de l’historien du Département d’État en 2015. Quels étaient les intérêts américains en Afrique dans les années 1960 ? Beaucoup diront que ces intérêts n’ont pas changé, même au fil des décennies, car les États-Unis et l’Europe continuent de forcer les pays plus pauvres à suivre une ligne, à accepter des relations dangereusement déséquilibrées et à les préserver des influences chinoises et russes.
Les nkrumahistes et d’autres membres du panafricanisme peuvent faire valoir que Nkrumah n’a pas tant cherché à saper l’Occident et l’Amérique qu’à développer un modèle africain de gouvernance et de développement. Après tout, c’est lui qui a dit que le Ghana ne regarderait ni l’Est ni l’Ouest, mais vers l’avant. Si, par ailleurs, le projet social, politique et économique d’autodétermination de l’Afrique nuit aux intérêts occidentaux, il incombe aux pays les plus puissants de l’époque de s’interroger sur leurs motivations.
En fait, le renversement de Nkrumah et sa mort ont été une bonne nouvelle pour ceux qui pensaient qu’il nuisait à leurs intérêts. Il n’y a pas d’autre façon de le dire. Tout cela ne veut pas dire que Nkrumah était un homme sans défaut, mais plutôt que la plus grande menace pour l’impérialisme occidental était une condition nécessaire pour que l’Afrique se présente comme un continent de peuples nouvellement libres et de bâtisseurs de nations.
On sait beaucoup de choses sur sa vie, mais pas autant sur sa mort. Voici quatre vérités sur la mort de Kwama Nkrumah :
Des ennemis à l’œuvre
En dépit de son renversement, Nkrumah croyait que les puissances occidentales craignaient son retour au Ghana. En effet, il croyait qu’il allait revenir au Ghana et au pouvoir. En raison de cette conviction, Nkrumah a essayé de se protéger du mal occidental, et lorsque son cuisinier est mort dans des circonstances mystérieuses, Nkrumah a sombré dans la paranoïa.
Craignant pour sa vie, Nkrumah refusa même de se faire soigner en dehors de la Guinée, où le président Ahmed Toure lui avait offert refuge.
Résurgence du cancer
Nkrumah meurt le 27 avril 1972 dans un hôpital de Bucarest, la capitale de la Roumanie. On lui avait diagnostiqué un cancer de la prostate qui s’était aggravé au fil des ans. On ne sait pas exactement quand ce diagnostic a été fait, bien que certains aient émis l’hypothèse que cela aurait pu être au cours des dernières années de sa présidence.
Il n’a pas revu sa maison ni sa famille après 1966
Le premier président du Ghana a été renversé par contumace, et cette histoire est en soi intrigante. On raconte qu’alors qu’il servait de médiateur dans des conflits en Asie, l’opération conjointe de l’armée et de la police a eu lieu au Ghana. Nkrumah a été informé qu’il avait perdu son poste lorsqu’il a atterri à Pékin, en Chine.
Il n’a plus jamais revu le Ghana après 1966 et s’est contenté d’écrire des critiques sur les gouvernements de son pays et sur sa vision de l’Afrique, depuis Conakry. Non seulement il n’a pas revu le Ghana, mais il n’est pas certain que Nkrumah ait jamais revu Fathia, sa femme et ses enfants après 1966.
Double enterrement
Le corps de Nkrumah a été ramené par avion au Ghana sous le régime du colonel Ignatius Kutu Acheampong, un chef militaire qui considerait Nkrumah comme un modèle. L’ex-président a d’abord été enterré à Nkroful, son lieu de naissance dans l’ouest du Ghana. Plus tard, un mausolée a été construit en son honneur à Accra et son corps a été ré-inhumé.
Crédit photo : buzzghana