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Présidentielle au Bénin : Quand des candidats passent par des féticheurs pour gagner

A trois semaines du premier tour de la présidentielle du 6 mars, les milliers de féticheurs que compte le Bénin s’activent dans leur couvent pour faire gagner les candidats qui viennent les solliciter par personnes interposées.
C’est ainsi pendant toutes les échéances électorales selon le quotidien ‘’Lemonde’’, les féticheurs sont très sollicités, mais pour la présidentielle, c’est encore plus grave. Les différents candidats sont prêts à faire intervenir les grandes forces occultes parce que les enjeux sont plus grands », confirme le fils d’un bokonon à Ouidah (féticheur en langue du terroir ndlr).
Si la croyance populaire au Bénin veut qu’une grande personnalité ait derrière elle, un puissant bokonon, les différents qui y consultent ces féticheurs évitent d’en parler en public car la question crée souvent une certaine gêne et est taxée d’impertinente par ces derniers. Tout simplement parce que les hommes politiques ne veulent surtout pas associer leur image à quelque chose qui, il faut le reconnaître, est rejeté par une bonne partie de l’électorat chrétien. Il ne faut pas prendre le risque », tente de justifier un observateur de la vie politique.
Les politiciens jouent aux personnes saintes. C’est un regret pour le bokonon Fagbédji retranché dans son couvent à Kpomassé : « C’est pourtant nous qui faisons le boulot. Ils nous négligent. Mais la nuit tombée, ils garent leurs véhicules luxueux pour demander des services. »
Et de poursuivre en affirmant « Je vous jure qu’ils ont satisfaction. Moi je peux faire gagner les gens », insiste-t-il d’un ton sec. Pour être plus convaincant, Dah Fagbédji s’oblige à livrer une de ses recettes. « Pour faire gagner un homme politique, je dois avoir les noms des autres concurrents. Ensuite je prépare une poudre avec des feuilles, j’ai besoin de 41 musaraignes sur lesquelles je travaille en brousse pour rendre les autres détestables. A l’homme politique, je donne des amulettes qu’il doit mettre dans la poche pendant ses meetings. A chaque fois qu’il dira quelque chose, il sera toujours applaudi », lâche, le féticheur en secouant la tête.
Quelques jours avant, des hommes politiques sont venus de la part d’un candidat. Ils lui ont demandé de travailler pour que « le candidat blanc » échoue. « Je leur ai : “Moi je suis pour que le Blanc ne soit pas à la tête du pays. Mais si j’y arrive, pourriez-vous trouver des places à la douane béninoise pour mes deux fils qui sont au chômage ?” Ils m’ont dit qu’ils vont rendre d’abord compte à leur patron.», Poursuit toujours le puissant féticheur.
Les différents féticheurs sont donc en compétition, une aubaine pour eux de se faire tous les privilèges. A la fin, le candidat qui remportera l’élection, déduira forcément que son féticheur est le meilleur.

Ahmad Diallo

Je suis Ahmad Diallo, Rédacteur en chef chez AfrikMag. Très friand de lecture, de rédaction et de découverte. Mes domaines de prédilection en matière de rédaction sont la politique, le sport et les faits de société. Email : aDiallo@afrikmag.com

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