Polémique autour de la nomination d’une Rwandaise à la tête de la Francophonie
La ministre rwandaise des affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a été nommée au poste de secrétaire générale de la Francophonie.
En temps normal, les pays africains auraient vivement salué le choix de Mushikiwabo, mais sa nomination a fait l’objet d’une polémique.
Pour certains commentateurs africains, cette décision est un complot entre le président français Emmanuel Macron et le président rwandais Paul Kagame.
« C’est comme la Françafrique », affirme le commentateur et auteur ivoirien Alex Kipre, qui évoque une politique d’ingérence.
Macron « a utilisé la Francophonie comme un jouet français », a déclaré Paul Berenger, un homme d’état mauricien et ancien Premier Ministre de la République de Maurice.
« C’est une mauvaise nouvelle » pour la Francophonie qui est censée promouvoir les valeurs de la langue française et les droits de l’homme.
Créée en 1970 sur les bases du Commonwealth, la Francophonie regroupe 58 pays et gouvernements régionaux représentant 274 millions de francophones dans le monde.
Il y a quelques mois à peine, la favorite pour ce poste était Michaëlle Jean, l’actuelle secrétaire générale de la Francophonie. Canadienne d’origine haïtienne, elle était la première femme et non africaine à diriger l’organisation en 2014.
Mais les choses ont changé en mai après la visite de Kagame à Paris. Après des entretiens avec le président français, il avait annoncé que son ministre des Affaires étrangères désirait occuper ce poste.
Emmanuel Macron lui avait donné son soutien, affirmant que Mushikiwabo avait « toutes les qualités pour assumer cette responsabilité. »
Selon les analystes, le discours de Macron-Kagame s’inscrit dans un effort visant à tourner la page de près d’un quart de siècle d’acrimonie, enracinée dans des accusations portées par le Rwanda, rejetées par la France, de l’implication française dans le génocide de 1994.
La colère du Rwanda envers la France était telle qu’en 2003, le pays a fait de l’anglais une langue officielle aux côtés de la première langue du pays, le kinyarwanda, et du français.
Cinq ans plus tard, l’anglais a remplacé le français en tant que langue d’enseignement et, en 2009, le Rwanda a rejoint le Commonwealth.
En juillet, les pays africains francophones se sont officiellement ralliés à Mushikiwabo. Cela s’inscrivait dans leur politique consistant à soutenir un candidat africain sensible aux besoins des États comptant plus de la moitié des membres de le Francophonie
Mais leur soutien était du bout des lèvres, a déclaré l’analyste politique sénégalais, Babacar Justin Ndiaye.
Le Rwanda « est un problème », a-t-il déclaré, affirmant que le pays avait « tourné le dos » à la Francophonie par le passé et que son bilan en matière de droits de l’homme était en contradiction avec l’engagement de l’organisation en faveur de la démocratie.
« La France a manœuvré pour satisfaire le Rwanda, pour le gagner », a-t-il confié à l’AFP.
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