Peter Pan : le petit plaisantin qui vit dans un monde féerique ? L’histoire a…
Un Peter Pan drôle, blagueur… joyeux ? Si vous croyez toujours à l’histoire de ce petit plaisantin qui vit dans un monde féerique, c’est que vous ne savez pas encore que c’est une pure invention de Disney. Le roman d’origine étant beaucoup plus sombre, Peter Pan y est en fait méchant et égoïste.
Publié en 1911, le conte de James Mattew Barrie ayant inspiré le film Disney « Peter Pan » dissimule de nombreux et sombres secrets inconnus des Disnerds.
« Deuxième étoile à droite, et tout droit jusqu’au matin. » Difficile de ne pas reconnaître ici l’une des citations emblématiques du film « Peter Pan ». Et pourtant, cette indication poétique représentant le chemin à suivre pour rejoindre le pays imaginaire est une invention de Disney.
Née de la plume de J. M. Barrie, écrivain né en 1860 en Écosse, Peter Pan est une histoire familiale. Lorsque l’auteur a 7 ans, il perd son grand frère David, chouchou de la famille. À la mort de ce dernier, J. M. Barrie prend la place de ce frère disparu : il porte ses vêtements, imite sa voix, réécrit son histoire. On raconte même qu’il s’était tellement mis dans son personnage, que des médecins ont constaté un arrêt de croissance. Comme s’il était bloqué dans la vie qu’il inventait pour David. Cette histoire hante tous ses textes.
Le petit garçon qui ne voulait pas grandir naît autour de 1900. Peter Pan apparaît dans le Petit Oiseau Blanc de J.M Barrie puis il fait une pièce de théâtre autour du personnage. Enfin, il écrit un roman en 1911 sous le nom de Peter Pan and Wendy.
L’histoire est celle d’un enfant qui ne veut pas grandir et qui récupère les enfants morts, tombés du berceau ou abandonnés pour les envoyer au pays de “Neverland”. Ce personnage, loin d’être un enfant de chœur, est habité par une haine profonde des adultes. Un adage de l’île raconte qu’à chaque respiration, un adulte meurt. Peter Pan s’amuse alors à respirer fort et haleter le plus possible pour tuer le maximum d’adultes. Il tue aussi les enfants perdus. Dès qu’ils grandissent, il ne veut plus d’eux sur cette île. Profondément égoïste, le héros a aussi perdu la notion de temps en étant bloqué depuis des années sur cette île.
« Peter Pan reconnaît qu’il n’a pas le moindre souvenir des enfants perdus, il oublie aussi sa petite fée, Clochette. Il oublie donc son histoire, il ne sait rien sur lui-même, c’est absolument terrible. Il oublie Wendy et Wendy, elle-même, oublie ce qu’il s’est passé quand elle devient adulte. C’est une histoire où, effectivement, cette notion d’oubli et de gommage de ce qu’il s’est passé est terrible. Mais, en fait, ça rejoint finalement la question du passage de l’état d’enfance à l’âge adulte, on oblitère l’enfance, on gomme l’enfance quand on devient grand », précise Nathalie Prince, professeur de lettres à l’Université français du Mans.
Là où Peter Pan s’est vu, en 1953, attribuer des qualités qu’il n’avait pas dans le livre, la fée Clochette, elle, a été sensiblement diabolisée. Dans le conte de Barrie, il est expliqué que l’acolyte de Peter est si petite qu’elle est incapable de ressentir plus d’une émotion à la fois. Ainsi est donc expliquée sa jalousie maladive envers Wendy, qui ne définit absolument pas l’étendue de sa personnalité.
Le pays imaginaire de Barrie s’appelle en réalité « Neverland » soit “le pays de jamais”, celui où on ne veut jamais aller ou jamais retourner. Cauchemardesque, on y trouve des mercenaires sanguinaires, des pirates, des sirènes monstrueuses, des fées égoïstes et des bêtes sauvages, tous sont maléfiques. La mort y est aussi omniprésente.
Barrie passera toute sa vie à écrire cette histoire. Même après la sortie du livre en 1911, il continue de faire d’autres livres autour du même thème, avec les mêmes personnages… Quasiment une dizaine de réécritures, de scénarios et d’autres versions du roman, plus édulcorées.
« Barrie n’a jamais fait autre chose que réécrire la même histoire. Il faut bien garder en mémoire que la mort du frère est un élément tragique qui a transpiré sur toute l’œuvre de Barrie, qui n’a jamais cessé de réécrire la même histoire, comme s’il portait une trace de culpabilité. Coupable d’être toujours vivant peut-être ? C’est d’une certaine manière la petite musique de Barrie, une petite musique triste, on dira une petite musique de mort qui hante son texte, voire ses textes », analyse Nathalie Prince.
Barrie lui-même se décide à adoucir son scénario de base assez rapidement. Puis, dès 1924 des comédies musicales sont montées, mettant de côté l’aspect sombre de Peter Pan. Le coup de grâce se fera avec le Peter Pan de Walt Disney, joyeux luron aux antipodes de celui de Barrie.