Patrick Mveng : «Ma vision est de créer des robots qui suppléent l’Homme»
Nos confrères de Ecce Africa ont rencontré pour vous le créateur de VIKI une Intelligence Artificielle (IA) Patrick Mveng, made in Africa qui permet aux utilisateurs de communiquer avec leurs smartphones en leur parlant.
Ecce Africa : Pouvez-vous nous présenter VIKI ?
Patrick Mveng : VIKI est une intelligence artificielle (IA) qui réfléchit, apprend comme un être humain et simule les processus mentaux.
Dans quel but avez-vous créé cette application ?
Au commencement, VIKI était un projet : le projet VIKI. Son objectif était de créer une IA, un cerveau sous forme de logiciel, qu’on pourrait par la suite embarquer dans un corps matériel pour le doter de capacités cognitives. Ce matériel peut être un téléphone, un ordinateur, une voiture. La vision de ce projet est de créer une IA à qui on délègue des tâches physiques et cognitives, pendant qu’on est en train, par exemple, de prendre un café.
Quelles ont été les étapes qui ont mené à la création de VIKI ?
Je suis un Camerounais, ingénieur Informaticien de formation et j’ai aussi travaillé dans un laboratoire de recherche sur l’Intelligence Artificielle à Toulouse, en France. Pour créer VIKI, j’ai commencé par lire des revues scientifiques piquées dans la bibliothèque de mon père, portant sur la psychologie du comportement, la logique mathématique, l’informatique linguistique, la représentation de la connaissance… sur l’IA, en général. Après plus de 5 années de recherches et de développement, j’ai défini un prototype offrant une architecture satisfaisante. A partir de cette nouvelle technologie, nous avons décidé de créer des applications dont VIKI l’assistante personnelle sur smartphone fait partie.
VIKI n’est pas la seule application offrant l’assistance d’une IA dans l’utilisation d’un smartphone, d’une tablette ou d’un ordinateur. Des logiciels comme Siri (Apple) ou plus récemment Cortana (Microsoft) offrent également ce type de services. Quelle est la particularité de VIKI ?
La première particularité de VIKI est qu’elle peut apprendre seule en lisant sur Internet qui est sa mémoire. Les autres assistants ont besoin de plusieurs Ingénieurs pour étiqueter, classer des méga octets d’informations. Avec 1 ou 2 corpus, VIKI génère une IA qui peut ensuite générer de nouvelles connaissances, de nouveaux comportements dans des situations nouvelles.
La seconde particularité est que VIKI offre du contenu local pour l’Afrique (pharmacies de garde, résultats pmu, code USSD, etc.), tout cela en langage naturel (Français, Anglais), le tout, sans avoir besoin de faire mémoriser des mots clés au système. En plus, VIKI ne s’arrête pas de lire sur Internet et d’apprendre de nouveaux comportements, de s’améliorer.
La troisième et dernière particularité est le fait que tout utilisateur peut enseigner au logiciel, de nouveaux comportements avec seulement un ou deux exemples.
Combien d’utilisateurs compte l’application en moyenne ?
Au jour d’aujourd’hui, VIKI compte 129 utilisateurs. Nous sommes en train de poursuivre la communication sur les réseaux sociaux mais également sur les canaux traditionnels de communication, en invitant plus de personnes à télécharger VIKI.
L’application a-t-elle été rentable jusque-là ?
Pour l’instant, nous ne faisons pas de vente. Notre première approche est d’offrir des suggestions personnalisées gratuitement, avant de lancer l’option payante.
VIKI a été créée au sein d’une start-up spécialisée dans la conception d’assistance virtuelle que vous dirigez : adelrick.com. Qu’est-ce qui vous a attiré dans le domaine de l’assistance virtuelle, de l’Intelligence artificielle ?
Lorsque j’étais étudiant, j’ai été particulièrement marqué par le film I-Robot de Will Smith où on y voit des robots aider les hommes au quotidien. Ma vision est de créer des robots qui suppléent l’Homme dans ses tâches quotidiennes, facilite la vie des êtres humains, en commençant par la mienne.
Avec combien de personnes travaillez-vous à adelrick.com ?
Nous avons une équipe de quatre personnes : Un « Behavior Trainer » (Personne qui s’occupe de la gestion des comportements d’un système informatique, Ndlr), un Responsable Marketing et Communication et deux développeurs.
Vous dites souvent être « à la recherche d’Adam 2.0 ». Selon vous, l’IA peut-elle remplacer, voire dépasser l’intelligence humaine ?
Au vu des avancées technologiques aujourd’hui, je pense que l’IA va remplacer l’homme dans ses tâches. Le dépasser ? Je ne pense pas. L’IA aura toujours besoin de l’Homme.
Vous développez des applications et des outils technologiques qui ont besoin de certaines conditions pour être utilisés, qu’il s’agisse de connexion internet ou de matériel. Pensez-vous que les pays africains disposent des conditions pour exploiter vos produits au maximum de leur potentiel ?
L’une des applications de notre IA est VIKI SMS. A partir de votre téléphone 2G, vous envoyez un SMS à un numéro court et VIKI SMS va sur Internet, retrouve l’information et vous la retourne par SMS. VIKI s’adapte et sera donc pleinement utilisable en Afrique.
Malgré le retard technologique de l’Afrique sur les autres continents, ces dernières années, on remarque une présence plus importante des technologies sur le continent. Selon vous, que doivent faire les autorités pour faciliter l’installation des outils et technologies numériques dans le quotidien des Africains ?
Il faut, dans l’immédiat, que les coûts d’accès à Internet soient réduits mais également que les infrastructures de communication de tous les types, numériques mais également physiques, comme les routes, soient multipliées.
Quels sont vos futurs projets ?
Comme je le disais au début, VIKI c’est une IA, à partir de laquelle on peut créer des applications. La version VIKI Desktop pour Ordinateur Personnel est en cours de finalisation et sera également lancée. Imaginez-vous en train de parler à votre ordinateur et que ce dernier clique tout seul, navigue seul, ouvre un dossier, saisit un document… La version VIKI for Business est également en cours de lancement. C’est un bot qui automatise l’acquisition et la rétention de clients pour les PME. Le bot comprend sémantiquement le produit/service que les prospects demandent et que vous offrez, et vous met en relation. Bientôt, les applications seront elles-mêmes capables de développer d’autres applications, nous allons lancer une pareille plateforme web, en fin d’année 2016.