Ouganda : les enfants de la rue contraints de tomber enceintes pour gagner de l’argent
Les militants de la protection de l’enfance ont appelé le gouvernement ougandais à s’attaquer aux multiples facteurs qui poussent les enfants dans les rues.
Selon l’unité de protection de l’enfance et de la famille de la police, environ 638 enfants (220 de Karamoja) ont été retirés des rues au cours d’une opération de deux à trois mois menée avec l’Autorité de la capitale Kampala (Kampala Capital City Authority, KCCA)
Le nombre exact d’enfants dans la rue reste inconnu, mais des récents dénombrements ont révélé que 15 500 enfants âgés de 7 à 17 ans vivaient et/ou travaillaient dans les rues des districts d’Iganga, de Jinja, de Mbale et dans la capitale Kampala.
Maureen Muwonge, directrice adjointe de Dwelling Places, a déclaré la semaine dernière lors d’un dialogue public, sur les enfants de la rue à l’Université Makerere, que malgré les efforts de réhabilitation et de réinstallation des enfants qui vivent dans les rues, de nouveaux enfants continuent de joindre les rues parce que les exploiteurs en bénéficient.
Le commerce des enfants de la rue
Mme Muwonge a révélé qu’il existe encore des marchés d’enfants à Soroti et à Katakwi, où les filles sont vendues pour 12,16 euros et les garçons vendus pour 7,29 euros. En raison des interventions à Kampala, les exploiteurs ont changé de stratégie. Ils achètent et emmènent des enfants dans d’autres villes comme Jinja et Nairobi au Kenya voisin.
Elle a souligné que les filles de la rue, victimes de la traite, sont également encouragées à tomber enceintes et à avoir autant de bébés parce que les Ougandais sont plus sympathiques envers les femmes et filles qui ont des bébés et donnent facilement de l’argent. Plus il y a de bébés dans la rue, plus les exploiteurs gagnent de l’argent. Les enfants des rues victimes de la traite sont exploités pour le travail et le sexe.
Entre janvier et octobre 2019, au moins 131 enfants victimes de la traite à Napak ont été interceptés en route vers Kampala. Maureen Muwonge a déclaré que les enfants et les jeunes doivent être sensibilisés sur leurs droits.
D’après le commissaire aux affaires de l’enfance et de la jeunesse au ministère du Genre, du Travail et du Développement social, Mondo Kyateka, l’absence et la violence des enfants sont les différentes raisons qui poussent les enfants à réjoindre la rue. Il a noté que les enfants des rues ne sont pas seulement un problème social, mais aussi une menace pour la sécurité.
« Ces enfants n’ont jamais été aimés et ne peuvent aimer personne. C’est pour ça qu’ils peuvent vous poignarder. C’est ainsi que Kifeesi (gang de la ville) est née… Les enfants vivent parfois sous la terreur dans leurs propres maisons. Mahatma Gandhi dit que la pauvreté est la pire forme de violence ».
Crédit photo : theobserver