L’excision semble avoir la peau dure en Ouganda. Après la promulgation de la loi interdisant la mutilation génitale féminine (MGF), les traditionalistes ont adopté une nouvelle pratique qui consiste à exciser les femmes mariées avec le consentement de leurs époux.
Selon les statistiques publiées lors des célébrations de la journée culturelle en 2017, parmi plus de 200 jeunes interrogées dans la sous-région de Sebei (districts de Kapchorwa, Kween et Bukwo), seulement 24% des filles de 10 à 14 ans ont été victimes de mutilations génitales, tandis que 76% des femmes entre 25 et 35 ans ont été soumises à cette pratique
Lors d’un entretien avec Daily Monitor, Mme Beatrice Chelangat, directrice du programme de santé reproductive (REACH), a déclaré que même si la mutilation des jeunes filles est en baisse à Sebei, l’excision des femmes mariées est en pleine expansion.
« Et cela se fait dans des maisons, dans les villages, dans les brousses et même à travers les frontières à la connaissance des maris. Les femmes prétendent qu’elles rendent visite à des parents au Kenya, pourtant elles se rendent chez les traditionalistes » a révélé Mme Chelangat.
Les statistiques révèlent que les femmes mariées non excisées subissent des pressions de leurs maris et de la société, car elles ne sont pas autorisées à servir les anciens, à prendre de la nourriture du grenier, et à assister aux réunions traditionnelles.
« Les belles-mères les maltraitent, elles sont rejetées », a souligné Mme Chelangat.
Elle a également noté qu’une enquête de REACH sur les mutilations génitales féminines dans la sous-région de Sebei, a révélé qu’en dépit de l’interdiction, les traditionalistes pratiquent en secret l’excision dans les brousses, dans les collines, et dans les grottes. Les victimes de cette pratique sont exposées à un grand risque d’infection.
L’ancien président du district de Kapchorwa, Nelson Chelimo, a exhorté les ONG impliquées dans la lutte contre les mutilations génitales féminines à travailler sans relâche pour mettre fin à l’excision.
À l’échelle mondiale, le Fonds des Nations Unies pour la population estime que 100 à 140 millions de filles et de femmes ont subi une forme quelconque de mutilation génitale féminine.