Obsèques d’Hamed Bakayoko/ La France brille par son absence: voici les raisons selon un expert des questions africaines
Depuis le 10 mars dernier, toute la Côte d’Ivoire est en deuil, car frappée de plein fouet par la disparition inattendue de son Premier ministre, Hamed Bakayoko. Plusieurs Chefs d’Etat se sont succédés sur les bords de la lagune Ebrié afin de saluer la mémoire de l’illustre disparu. La France, elle a décidé de briller par son absence.
Depuis l’annonce du décès du Premier ministre le 10 mars dernier à l’arrivée de sa dépouille mortelle depuis l’Allemagne en passant par la cérémonie d’hommage qui a eu lieu le 17 mars à la Présidence de la République et enfin au Stade Ebimpé, aucune autorité de la République française n’a osé adresser un mot de compassion à l’endroit du défunt et la famille éplorée.
Alors que, l’on se rappelle que lors du décès du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, l’Elysée par le biais de son ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a adressé un message de compassion aux autorités ivoiriennes, au peuple Ivoirien ainsi qu’à la famille éplorée.
« Le Président de la République s’associe à l’immense tristesse du Président Alassane Ouattara et présente ses condoléances au peuple ivoirien et à la famille du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Il salue la mémoire et le dévouement d’un grand serviteur de la Côte d’Ivoire, artisan de son redressement économique et ami. Fidèle de la France. Dans ce moment de deuil, la France exprime sa solidarité indéfectible envers la Côte d’Ivoire et son peuple et continuera de s’engager, à ses côtés, sur la voie de la Paix et de la réconciliation », avait écrit l’Elysée au lendemain de la mort de l’ancien Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly.
A la suite de ces mots de compassion à l’endroit du peuple ivoirien, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian s’est rendu à Abidjan le 13 juillet 2020, en dépit de la fête de l’indépendance de la France afin de soutenir davantage le Président Ivoirien pendant ce temps de douleur.
Mais jusqu’à ce jour, du Côté de l’Elysée c’est motus et bouche cousue comme dans un cimetière. Qu’est ce qui explique cette inélégance diplomatique de la France d’Emmanuel Marcon ?
Selon un expert des relations africaines, ayant requis le couvert de l’anonymat, le silence de la France n’est pas du tout lié au fait que le défunt Premier ministre ait été à la cime de la franc-maçonnerie en Côte d’Ivoire.
« En tout, ce n’est pas pour le fait qu’Hamed Bakayoko était le patron de la Franc-maçonnerie en Côte d’Ivoire, c’est donc une raison à exclure », explique notre source.
Poursuivant, la même source indique que: « l’une des causes est l’enjeu. Notez que Le Drian s’était déplacé en août, à Abidjan après le discours du Président Alassane Ouattara, le 6 août, annonçant sa candidature à un troisième mandat. Au delà des obsèques, la France voulait apporter son soutien à cette initiative jugée controversée. Or dans ce contexte il n’y a aucun enjeu politique majeur. Et Le Drian qui avait fait des mains et des pied pour apporter son soutien au pouvoir d’Abidjan, n’a pas d’intérêt direct à être présent à Abidjan ».
Selon lui, l’autre raison est la personne du défunt premier ministre. » La France était réticente quant à son choix. Et elle le démontre par son absence à sa mort », révèle l’expert.
Même si le pouvoir d’Abidjan n’affiche pas ce qu’on pourrait considérer comme une « inélégance diplomatique », les proches collaborateurs du défunt Premier ministre ne manquent pas de murmurer ce silence des autorités françaises, qui eux, clament partout et à qui veut l’entendre que la France et la Côte d’Ivoire sont étroitement liés.