Nigeria

Nigeria : meurtre brutal d’une enseignante accusée d’avoir déchiré le Coran

Le 21 mars 2007, Christiana Oluwatoyin Oluwasesin était joyeuse lorsqu’elle est arrivée à l’école secondaire publique de Gandu, dans l’État de Gombe, au nord du Nigeria.

Cette mère de deux enfants avait déjà déposé sa lettre démission pour rejoindre son mari, Femi, dans leur ville natale d’Abeokuta où il travaillait comme technicien de laboratoire dans un hôpital.

C’était le dernier jour des examens et elle était heureuse à l’idée qu’elle sera bientôt avec son mari, mais sa joie a été d’une courte durée. Ce jour-là, des élèves, en majorité musulmans, âgés entre 12 et 14 ans, ainsi que des extrémistes islamiques, ont assassiné Oluwasesin. Ils lui reprochaient d’avoir profané le Coran.

Elle a été déshabillée, lapidée, battue et poignardée à mort, et son corps a ensuite été brûlé au point d’être méconnaissable, selon les rapports.

Ce crime, qui demeure injustifiable, a relancé les discussions sur la liberté de religion et le caractère sacré de la vie humaine au Nigeria.

Ce 21 mars, Oluwasesin supervisait une compo sur les connaissances religieuses islamiques. Pour éviter la tricherie et d’autres mauvaises pratiques, elle a demandé aux élèves de déposer leurs livres, leurs sacs devant la salle, a déclaré à Compass Aluke Musa Yila, un collègue, même si d’autres rapports locaux disent qu’elle a jeté ses objets hors de la salle.

« Habituellement, de tels objets sont rendus aux élèves après la compo », a déclaré Yila, qui affirme avoir été témoin du meurtre horrible d’Oluwasesin. « Peu après que les élèves ont déposé leurs sacs devant la classe, une élève a commencé à pleurer. Elle a dit à ses camarades qu’elle avait un Coran dans son sac et qu’Oluwasesin l’avait déchiré parce qu’elle est chrétienne. »

Immédiatement, les élèves de la classe ont commencé à crier « Allahu Akbar »

« C’est à ce moment que je me suis rendue dans cette salle de classe et je me suis demandée ‘comment un enseignant pourrait savoir qu’il y a un Coran dans le sac d’un élève si cela ne lui a pas été signalé’ ? »

Yila a alerté d’autres collègues qui se sont précipités sur les lieux pour tenter de ramener le calme. Ce faisant, Yila a pu sortir Oluwasesin de la classe et l’amener au bureau du directeur.

« Le directeur nous a laissé dans son bureau et s’y est également rendu pour calmer les élèves musulmans. Sachant que les élèves pourraient nous retrouver dans le bureau à tout moment, j’ai envoyé Oluwasesin dans les toilettes et j’ai fermé le bureau à clé », a-t-il déclaré.

Il est ensuite retourné sur les lieux et a été choqué de constater que des extrémistes musulmans s’étaient joints au élèves, détruisant les biens de l’école et exigeant qu’on leur livre Oluwasesin pour qu’elle soit lapidée. La foule croyait qu’elle avait déchiré un Coran.

« Quand nous n’avons pas cédé à leur demande, ils ont commencé à nous jeter des cailloux », a déclaré Yila.

Au milieu de cette violence, les responsables de l’école et la police n’ont pas pu avoir accès à Oluwasesin pour la sauver.

« Alors que nous réfléchissions aux moyens de faire sortir Oluwasesin de l’école, les musulmans ont fait irruption dans le bureau du principal et l’ont traînée dehors. »

« Malgré l’intervention du principal, ils ont réussi à la frapper à mort. Ils ont ensuite brûlé son corps. »

Les élèves ont mis le feu aux salles de classe, à la bibliothèque, à la voiture d’Oluwasesin et à la moto de Yila. Les pompiers avaient déclaré à l’époque qu’ils n’avaient pas pu se rendre dans la zone parce que toutes les routes menant à l’école étaient bloquées.

Après l’incident, 16 suspects ont été arrêtés mais ont été libérés sans inculpation, une décision qui a provoqué la colère de nombreuses organisations de défense des droits, y compris la communauté chrétienne du Nigeria.

Crédit photo : facetofaceafrica

Gaelle Kamdem

Bonjour, Gaelle Kamdem est une rédactrice chez Afrikmag. Passionnée de la communication et des langues, ma devise est : « travail, patience et honnêteté ». Je suis une amoureuse des voyages, de la lecture et du sport. paulegaelle@afrikmag.com

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