Nigeria : Les femmes violées en échange de nourriture (vidéo)
Amnesty International a dénoncé jeudi dernier le viol des femmes par des soldats et des milices en échange de nourriture.
Dans un document publié jeudi, Amnesty International accuse l’armée nigériane et la milice engagée à ses côtés contre Boko Haram d’avoir « séparé les femmes de leur époux » et de les avoir « enfermées dans des camps isolés ».
L’ONG a déclaré avoir recueilli de multiples témoignages au sujet d’allégations d’abus de la part des forces de sécurité, affirmant notamment que des soldats avaient forcé des survivants vulnérables à avoir des rapports sexuels en échange de nourriture.
Selon Amnesty International, les témoignages d’une vingtaine de femmes démontrent l’existence d’un système d’exploitation sexuelle parfaitement organisé. L’ONG rappelle que des milliers de personnes sont mortes de faim dans ces camps, où sévissaient d’importantes pénuries de nourriture entre début 2015 et juin 2016.
These brave women—who survived Boko Haram, but were detained in camps where rape and starvation were rife—took on the Nigerian government to demand justice. They won’t rest until the world knows. Help share their story! pic.twitter.com/ABo6dZfqKh
— AmnestyInternational (@amnesty) 24 mai 2018
« Au lieu de recevoir une protection de la part des autorités, les femmes et les filles ont été contraintes de se faire violer pour se nourrir ou ne pas mourir de faim. Le sexe dans ces circonstances hautement coercitives est toujours un viol, même quand la force physique n’est pas utilisée, et les soldats nigérians et les membres de la milice s’en tirent », a déclare Osai Ojigho, directrice d’Amnesty International Nigeria
Elle a déclaré qu’il était temps pour le président Muhammadu Buhari de « démontrer son engagement fréquemment exprimé à protéger les droits des personnes déplacées dans le nord-est du Nigeria. »
« La seule façon de mettre fin à ces violations horribles est de mettre fin au climat d’impunité dans la région et de veiller à ce que personne ne puisse s’en tirer avec un viol ou un meurtre », a-t-elle ajouté.
Malgré les plaintes de longue date sur la violence sexuelle et les promesses répétées des autorités nigérianes selon lesquelles elles répondraient aux préoccupations, « aucune action concrète » n’a été posée.
En novembre 2016, la police a promis d’enquêter sur les allégations d’abus et d’exploitations sexuels dans les camps, mais plusieurs mois plus tard, les militaires ont réfuté ces allégations.
Selon les derniers chiffres publiés en avril, près de 1,8 million de personnes ont été déplacées suite à l’insurrection de Boko Haram qui a fait au moins 20 000 morts depuis 2009.
Crédit photo : americanewstoday