Au Nigeria, les artistes sont depuis longtemps livrés à eux-mêmes faute de marché structuré, impuissants face à l’ampleur du piratage qui représente l’essentiel de la vente de disques. Dans les rues bondées de Lagos, la capitale économique du pays, les copies se vendent aux fenêtres des voitures entre les paquets de bonbons, les cigarettes, et les DVD des dernières sorties cinéma… eux aussi piratés.
Révolution dans l’industrie musicale
Dans la capitale africaine de la débrouille et de la créativité, « il faut en mettre plein la vue ici, si tu veux exister », explique un jeune artiste, qui parcourt les rues de la bouillonnante ville Lagos en Mercedes rouge rutilante, empruntée à son manager.
Depuis trois ans, une révolution s’opère dans l’industrie musicale nigériane, grâce aux ventes digitales, et surtout, à la téléphonie mobile, générant des revenus qui ne cessent de grossir.
Alors que « l’industrie musicale valait (…) 47 millions de dollars [43 millions d’euros] en 2015, ce chiffre devrait doubler d’ici à 2020 », selon un rapport du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC), publié fin 2016.
Cette bonne santé résulte de la forte pénétration de l’Internet mobile sur le continent, qui a explosé ces dix dernières années, notamment chez les « dragons » africains (Nigeria, Kenya et Afrique du Sud), dynamisant d’autant le secteur du divertissement.
MTN le plus grand distributeur
Les opérateurs, le géant sud-africain MTN en tête, ont flairé le potentiel du Nigeria, pays de 190 millions d’âmes, où la musique est presqu’une religion. Fort de ses 60 millions d’abonnés, MTN se présente comme « le plus grand distributeur de musique » du pays, à travers la vente de sonneries (à 50 nairas, soit 0,14 euro l’unité), et via sa plate-forme de téléchargement MTN Music Plus, qui concurrence les leaders mondiaux de la musique en ligne comme iTunes.