Interview : A la découverte du mouvement Athia Nu Dem Connexions entre Dakar Ouaga et Marseille
Le mouvement Athia Nu Dem Connexions existe depuis 2 ans. Ce projet musical tire ses sources entre Dakar, Ouaga et Marseille. En jonction entre concerts et ateliers, Athia Nu Dem Connexions se veut un moyen d’expression pour repousser les frontières. Gilles et Jaffar, membres du groupe, ont bien voulu nous en dire plus.
AfrikMag: Présentez le concept de Athia Nu Dem
Gilles : A travers Athia Nu Dem, on a voulu partager des messages. On a voulu s’organiser pour donner de la force à nos messages et avec peu de moyens. Le but étant de créer des espaces de rencontre au-delà des frontières. On s’est alors organisés progressivement à Marseille, pour récolter des sous et parler du projet et à chaque fois on fait des concerts. Jaffar a un studio mobile qui est à Marseille. C’est ainsi qu’on fait passer des témoignages d’ici et d’ailleurs.
Beaucoup disent que vous utilisez la musique comme un moyen de propagande. Que répondez-vous?
Jaffar : Je dirai plutôt que la musique nous sert de moyen de communication et d’expression. On laisse la propagande aux politiciens. Personnellement, je suis rappeur à la base mais aujourd’hui, je suis ingénieur de son. Lorsqu’on fait du rap, c’est parce qu’on a des choses à dénoncer. On nous voit comme des révolutionnaires parce qu’on traite des thèmes que beaucoup n’osent pas aborder. C’est ce qui fait que le rap a été détourné, mais nous on reste ancrés aux racines du rap pour éduquer et informer les populations. Le rap va à l’école, et nous on a des enfants donc il faut que notre musique soit responsable.
Qu’avez-vous réalisé à travers votre mouvement ?
Jaffar : Premièrement, on se rencontre entre nous et on fait de la musique. On fait des concerts gratuits de sensibilisation pour les populations. Je suis Burkinabé et je suis à Marseille. Parfois, je veux retrouver des musiciens à Marseille mais on a toujours des problèmes de papier. Pourtant les Français n’ont pas de problème pour aller au Burkina. Nous faisons comprendre aux gens que les frontières sont juste des repères et non des barrières.
Vous organisez un gratuit concert ce soir, parlez-nous en
C’est en plein Dalifort, dans un des quartiers pauvres de Dakar. Il est dit pauvre mais il y a beaucoup de choses qui sont à un bon niveau. Il s’agira de communier avec les gens du quartier et de montrer les échanges avec les gens qu’on a pu rencontrer.
Quel est votre style de musique ?
Jaffar : Je suis rappeur à la base, je fais de l’afro, blues, rock, rap, guitare, instruments.
Êtes-vous parfois invités dans les grandes cérémonies de la musique ?
Non. On ne nous invite pas dans les grands festivals mais on va souvent dans les écoles. C’est un projet qu’on nourrit depuis 2 ans. On veut montrer qu’on peut travailler avec les moyens de bord. On peut organiser des concerts, des ateliers de musique et à prendre soin des quartiers dans lesquels on vit. Notre mouvement lutte contre tous ceux qui veulent exploiter les humains ou les terres. On le fait parce qu’on tient beaucoup d’ateliers d’éveil musical dans les écoles. Depuis 2 ans, ce qui est mis en avant, c’est la tolérance, le terrorisme et le trafic humain, des enfants. On en parle beaucoup.
Parlez-nous de vos ateliers. Comment ça se passe ?
Jaffar : En France, au Burkina Faso, dans la rue, je n’ai pas de mot à dire. J’utilise la musique pour casser les frontières. Il suffit que je joue pour que les enfants s’approchent. Ils sont très curieux et s’intéressent tout de suite à ce que je fais. Ils veulent alors toucher les instruments, ils consomment la musique et s’amusent tout en écoutant les messages que l’on transmet. Lorsqu’on fait un métier, il faut savoir enseigner ce qu’on sait.
Qui sont les membres du mouvement?
Jaffar : Il y a Gilles, un Français vivant à Dakar qui joue du saxo, Fousseyni qui fait du Goni, Sanou Diouf de l’Orchestre national, Ola Bowen d’African Reen et moi-même.
Gilles: Ce serait nous sur scène mais il y aussi plein de monde derrière le mouvement. A Marseille, plus de 60 personnes ont soutenu financièrement ce projet , Joël joue de la batterie avec nous normalement, il y a aussi Clément qui venu avant à Dakar préparer le terrain, Modou qui chante à Marseille et aurait aimé être là. Il y a les Brigades Internationales alimentaires à Marseille qui nous ont permis de récolter un peu d’argent et de communiquer directement sur le projet. Marie-Anna a réalisé les affiches et la communication sur le projet.
Voilà, tout ça pour dire qu’il y a du monde qui soutient, qui a envie de participer à la démarche, et c’est comme cela qu’on l’imagine, comme un mouvement ouvert, qui donne envie dans les différents endroits où il est implanté.
Quels sont vos dates de spectacle?
Gilles : Aujourd’hui, on fait un concert gratuit à Dalifort. Dimanche à 18h, on sera au Soleil Café aux Almadies. L’entrée sera également gratuite. La semaine prochaine, on sera alors à Mbour où on va se produire le mercredi soir chez Kandji à Saly Niakhniakhal.