C’est une première depuis 1982, de voir toutes les équipes africaines être éliminées de la coupe du monde à la phase de groupes. Lors d’une récente chronique présentée pour le magazine France Football, l’international ivoirien Yaya Touré a poussé un coup de gueule en indiquant que cet échec permettra aux dirigeants africains de prendre conscience de la nécessité de procéder à des réformes en profondeur.
Après avoir compté pour la première fois deux qualifiés en 8es de finale de la Coupe du monde il y a 4 ans (l’Algérie et le Nigeria), l’Afrique a cette fois vu tous ses représentants éliminés dès le premier tour en Russie. Yaya Touré (35 ans) ne veut pas que cet échec débouche sur les mêmes erreurs que par le passé.
« Si on ne dit rien et si on continue de ne rien faire, je sais ce qu’il va se passer : on va changer les sélectionneurs en place en faisant croire que les solutions ont été trouvées. Mais ça, c’est une mascarade qui dure depuis trop longtemps en Afrique« , a-t-il lancé avant de poursuivre « On préfère reporter la faute sur une personne plutôt que sur un système et une organisation. Pourtant, c’est de là que tout part. Des fédérations qui, la plupart du temps, ne font que de la “paperasse” et des petits arrangements entre amis plutôt que de mettre en place les conditions et les bases d’un football solide. »
Yaya Touré a tenté de dégager des solution à cette situation « Comment se sortir de cet enlisement si on ne veut pas disparaître du très haut niveau ? En reprenant tout de la base ! Commençons d’abord par structurer les championnats locaux plutôt que de tout mettre en œuvre pour vendre les meilleurs joueurs. La faiblesse de nos championnats reste un frein. Si l’on ne veut plus voir nos jeunes talents tenter des paris insensés et risqués en partant à l’aventure avant même leur majorité plutôt que de continuer à se former au pays, mettons des moyens dans la formation. C’est ça l’avenir. Qu’on arrête de dire que l’Afrique n’a pas d’argent. Il y en a, mais seulement il continue d’être soit mal utilisé, soit détourné. »
Le frère cadet de Kolo Touré propose « Que l’on écoute les Abedi Pelé, les Eto’o, les Drogba, les Kalou, les Okocha. Mais qu’on ne fasse pas semblant. Tous ces grands-là ont beaucoup à donner, à enseigner. Créons les conditions pour les associer à des réflexions concrètes. Le très haut niveau, ça ne s’improvise pas. Mais ça peut se transmettre. Que les fédérations arrêtent de penser à leur petit confort. Les grands joueurs ne veulent surtout pas piquer des places ou des postes, mais juste les aider à mieux appréhender l’avenir. Malheureusement, on ne les écoute pas. Que l’on chasse tous les inutiles qui encombrent les bureaux des fédés et qu’on y installe tous ceux qui ont une vraie compétence et un vécu.«
Yaya Touré a conclu sa chronique en indiquant qu’il: « Il est temps que l’Afrique se réveille et en finisse avec ces dirigeants qui monopolisent des postes pendant vingt, trente, voire quarante ans ! Sinon, l’histoire risque de se faire sans nous. Et moi, j’aimerais bien être encore sur cette terre pour assister à une nouvelle Coupe du monde sur le sol africain. Mais il ne suffit pas d’en rêver pour y arriver. »
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