Maroc: le Gouvernement promet une stratégie pour lutter contre les violences faites aux femmes
Après la vague de contestation et d’indignation qui a frappé le Maroc suite à l’agression s3xuelle d’une jeune fille de 24 ans dans un bus, https://www.afrikmag.com/maroc-marche-de-protestation-organisee-contre-violences-aux-femmes/, le chef du gouvernement marocain Saadeddine El Othmani a annoncé, jeudi dernier, l’élaboration d’une stratégie contre les violences faites aux femmes.
Le gouvernement “réfléchit à comment traiter ce genre de phénomènes pour que ces actes ne se reproduisent plus”, a déclaré M. El Othmani, issu du Parti justice et développement (PJD, islamiste) dans une allocution diffusée jeudi. “La stratégie adoptée par le gouvernement dans ce sens sera annoncée au moment opportun”, a-t-il assuré.
La ministre islamiste de la Femme, Bassima Hakkaoui, a été critiquée pour sa lenteur à réagir. Elle avait fini par dénoncer mardi un “crime honteux”, et promis “d’accélérer l’adoption de la loi de lutte contre les violences” faites aux femmes.
L’affaire a éclaté avec la diffusion dimanche sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant une horde d’adolescents hilares, bousculant violemment une jeune femme en pleurs dans un bus de Casablanca (ouest), essayant de la déshabiller et touchant ses parties intimes. Les six agresseurs ont par la suite été mis aux arrêts.
A ce jour une grosse faille reste visible dans la juridiction marocaine. En effet dans le Royaume Cherifien, la loi “condamne le harcèlement des femmes au travail, mais pas dans les espaces publics”, avait concédé à l’AFP Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, lui aussi issu du PJD. Il avait néanmoins assuré qu’un projet de loi incluant pour la première fois le harcèlement dans les lieux publics était en cours d’adoption.
Alors que ni le chauffeur du bus ni les passagers ne sont intervenus pour stopper l’agression, le ministre de la Justice Mohamed Aujjar a exhorté mercredi les procureurs à ouvrir des enquêtes sur les cas de non-dénonciation de crimes.
Il s’agit d’“un énième incident révélateur de cette violence courante au sein de la société marocaine”, relève le chercheur et journaliste Abdellah Tourabi, dans une chronique remarquée où il estime que “les jeunes sont victimes de la démission de l’Etat et des parents”.
Douze ans après l’adoption du nouveau code de la famille qui accorde plus de droits aux femmes, celles-ci restent encore victimes de l’hégémonie de l’homme dans les espaces publics, où elles subissent fréquemment insultes et agressions sexistes.
Selon des chiffres officiels, près de deux Marocaines sur trois sont victimes de violences. La violence physique à leur égard est la plus manifeste dans les lieux publics.