Un décret du gouvernement crée en ce moment des remous en Roumanie. Le texte incriminé dépénalise plusieurs infractions et rend l’abus de pouvoir, un chef d’inculpation fréquent, passible de peine de prison uniquement s’il provoque un préjudice supérieur à 44 000 euros.
Le gouvernement dit par ailleurs vouloir désengorger les prisons et mettre en conformité le Code pénal dont une soixantaine d’articles ont été invalidés par la Cour constitutionnelle.
Le non dit est que cette mesure bénéficie à de nombreuses personnalités corrompues. Le cas le plus criard est celui du chef du Parti social-démocrate (PSD), Liviu Dragnea. Cette mesure lui permettrait ainsi d’échapper au principal chef d’accusation le visant dans un procès d’emplois fictifs qui s’est ouvert mardi. Ce dernier convoitait le poste de Premier ministre. Il a cependant dû renoncer en raison d’une condamnation pour fraude électorale.
« Plusieurs manifestations à travers le pays »
Pour protester contre ce que certains qualifient d’abus de pouvoir, plusieurs manifestations ont eu lieu dans l’ensemble du pays. Les villes concernées sont : Bucarest, mais aussi à Cluj, Sibiu ou Timisoara. Ces manifestations ont vu la participation d’environ 300.000 personnes. Ces mouvements seraient les plus importantes manifestations depuis la révolution roumaine de décembre 1989. On a pu dénoter cependant quelques incidents. Les forces de l’ordre ont essuyé des jets de pétards, de pierres, de bouteilles de la part de groupes isolés et ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène. Deux gendarmes et deux manifestants, légèrement blessés, ont été transportés à l’hôpital.
« Inquiétude de la communauté internationale »
Fait inédit, les ambassades des États-Unis, du Canada, d’Allemagne, de France, des Pays-Bas et de Belgique ont exprimé, dans une déclaration commune, leur « profonde inquiétude » devant ce décret qui « sape » les progrès réalisés par le pays dans la lutte contre la corruption. Pourquoi ? Car dans ce pays pauvre de l’UE qui compte 20 millions d’habitants, le parquet anticorruption avait obtenu ces dernières années la condamnation de nombreux élus et hommes d’affaires.
Le gouvernement a soumis un projet de grâce. Ce projet vise environ 2 500 détenus purgeant des peines allant jusqu’à cinq ans de prison, dont des hommes politiques.