Il y a quelques semaines, les procureurs anti-corruption du Malawi ont obtenu une ordonnance du tribunal leur permettant de saisir les biens appartenant à Norman Chisale, l’ex-garde du corps de l’ancien président Peter Mutharika.
Selon nos confrères de mail and guardian, l’ordonnance du tribunal comprenait une liste détaillée des biens appartenant à Chisale et à ses proches collaborateurs, dont sa femme et sa fille. Cette liste est longue.
Elle comprend 78 véhicules, la plupart haut de gamme, dont des Range Rovers, des Land Cruisers, des Mercedes Benz, des BMW X5, des Jeep Wranglers et un Hummer ; au moins deux comptes bancaires à son nom, contenant respectivement 30 millions de kwacha (environ 38 500 dollars) et 87 millions de kwacha (environ 111 500 dollars) ; et 12 propriétés au Malawi, dont des pavillons, des résidences et des complexes de bureaux commerciaux. Selon une source proche de l’enquête, deux propriétés en Russie, trois propriétés en Afrique du Sud et un centre commercial en Zambie appartenaient également à M. Chisale.
Au total, la valeur de la fortune de Chisale s’élève à au moins 1,7 milliard de kwacha (environ 2,2 millions de dollars). Pas mal pour un garde du corps. Surtout pour quelqu’un qui avait un salaire mensuel de 1,2 million de kwacha (environ 1 500 dollars).
Même en tenant compte des indemnités journalières et des allocations, qui auraient pu porter le revenu mensuel de Chisale à 6,2 millions de kwacha (environ 8 000 dollars), il lui aurait fallu 274 ans pour gagner sa fortune actuelle.
M. Chisale a commencé sa carrière dans le renseignement militaire, avant d’obtenir en 2009 un poste auprès du président de l’époque, Bingu wa Mutharika. À la mort du président, Chisale a offert sa loyauté à son frère, Peter Mutharika.
Deux ans plus tard, Peter Mutharika est devenu président à la suite d’une élection très contestée. En récompense de sa loyauté, Chisale est devenu garde du corps du président. Cela fit de Chisale l’un des hommes les plus puissants du Malawi – et l’un des plus craints.
En plus des accusations de corruption, il est maintenant confronté à de multiples accusations criminelles, notamment de meurtre, d’homicide involontaire, de tentative de meurtre, d’abus de pouvoir, de fraude fiscale et de contrefaçon. Les procureurs affirment qu’il a même falsifié les certificats d’études qu’il a utilisés pour obtenir un emploi dans l’armée, et plus tard à la présidence.
En 2020, lors d’une nouvelle élection, Peter Mutharika a été chassé du pouvoir. La nouvelle administration, dirigée par le président Lazarus Chakwera, s’est engagée à lutter contre la corruption – et Chisale est devenu la tête d’affiche des crimes de l’administration précédente.
Il n’est jamais facile d’enquêter sur les crimes financiers et d’engager des poursuites. Mais les enquêteurs pensent avoir de solides arguments contre Chisale.
Crédit photo : mailandguardian