Libération manquée de Bouaké/ Comment un pasteur de Gbagbo a dépensé 2.6 milliards des FDS
Avant l’offensive sur Bouaké, le ministre de la Défense Lida Kouassi a du mal à avoir des fonds pour acheter l’équipement militaire nécessaire pour lancer une contre-offensive sur Bouaké et chasser les rebelles. Le ministre Bohoun Bouabré qui devait décaisser l’argent ne le fait pas et se rend aux Etats-Unis. C’est finalement Mamadou Koulibaly qui mobilise 4 milliards pour aider les FDS. Mais, Lida Kouassi est surpris d’apprendre qu’un pasteur de Laurent Gbagbo a pu utiliser près de 3 milliards de ce fonds… Intrigues ! Il raconte…
« C’est au moment où mon collègue des Affaires étrangères, recevant le groupe de contact dépêché par la Cedeao à Abidjan, tente de me rallier à son point de vue que les jeunes officiers du PC de Yamoussoukro me font savoir leur volonté d’engager l’offensive: ils affirment que la reprise de la ville de Bouaké est parfaitement envisageable sans moyen d’appui aérien. Compte tenu de l’insuffisance des réserves en armements dans nos poudrières, j’hésite à prendre le risque d’une telle opération.
Le Président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, m’apprend qu’il a mobilisé de son propre chef auprès de certains opérateurs économiques, un fonds de 4 milliards pour aider à l’équipement des forces armées. Il précise que ce fonds destiné au ministère de la Défense, est provisoirement logé à la trésorerie de la présidence.
Hélas, Jacques Anouma, le Directeur des services financiers de la Présidence, que j’interpelle à ce propos, m’indique que le pasteur Moïse Koré qui s’est subitement mué, comme beaucoup d’autres, en démarcheur des marchands d’armes, a déjà fait une ponction de 2,6 milliards sur ce fonds: à l’insu du ministre de la Défense et de l’état-major, il a fait exécuter le paiement partiel d’une commande pour des hélicoptères de combat! Ma colère est à son comble.
Je demande donc au Président de la République d’intervenir pour mettre un terme à tous ces dysfonctionnements, en rappelant tout le monde à l’ordre. Faisant suite à ma requête, le Chef de l’Etat, assisté du Président de l’Assemblée nationale, convoque aussitôt une réunion d’urgence et demande à tous de laisser le ministre de la Défense et l’état-major faire leur travail.
C’est, finalement, l’association des planteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire qui vole au secours du gouvernement avec une contribution de 10 milliards de francs. Cette contribution me permet enfin de passer d’urgence quelques commandes d’armes et de munitions avant d’ouvrir les hostilités à Bouaké. Je procède donc à l’évaluation des premiers besoins exprimés par l’état-major et à la signature des commandes. En outre, je demande et obtiens du chef de l’Etat l’autorisation de faire partir ma famille en Europe, le samedi 5 octobre, afin d’avoir les coudées franches pour me consacrer à ma mission.«
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