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Lettre à Chantal Biya : je veux épouser Brenda (version DELUXE)

Bonjour très précieuse maman, d’une préciosité rappelant celle de l’étoile teintée d’or sur notre drapeau tricolore, du diamant massif sur vos multiples bijoux, de vos cuirs et fourrures produits des animaux rares braconnés juste pour vous. Vous êtes une femme pleine de maternité et d’humanité. Mais les enfants que vous avez portés dans votre sein et au sein de votre cœur, semblent n’avoir aucune ambition de reproduire l’héritage politique de la famille. Je n’ose pas croire que votre royal rang aussi bien que votre majestueux sang, ne puissent fournir pour notre cher pays des âmes dirigeantes. C’est vrai que Brenda donne l’allure d’une féline qui n’a pas peur d’affronter le regard fêlé des objectifs, qui ne cligne pas les yeux face aux clichés, et qui se sent bien à l’aise à ne pas jouer les pupilles en public. C’est aussi vrai que le fait de la tirer et de l’attirer près de vous lors de certaines de vos sorties politiques, -tantôt à votre gauche, tantôt à votre droite-, dissimule beaucoup d’intentions inavouées. Peut être êtes vous en train de la faire « essayer son courage à l’ombre de vos bras » aussi doux et tendres ? A trainer et à entrainer de la petite fille à devenir elle-même la mère, la femme des femmes elle aussi ?

Pour cette femme j’ai un fantasme, de cette fille j’ambitionne sortir l’épouse et la mère. Mais pardonne-moi chère maman, si j’ose demander la main de ta charmante fille, dans une lettre frisant une demande d’emploi. C’est vrai qu’être l’amant d’une fille comme la tienne, serait pour tout jeune camerounais un travail plein. Je sais que ma demande est ouverte, et que des milliers d’autres qui me liront, par mimétisme béat, essaieront à leur tour de déposer leurs candidatures. Je sais aussi que des centaines d’autres demandes sont en cours de traitement dans votre office. D’autres ont choisi la voie directe, en chantant à Brenda des « louanges outrées jusqu’à l’idolâtrie ». Mais plusieurs se résignent, pensant à tort ou à raison, qu’être admis à devenir l’amant de votre fille, est hargneusement semblable à un concours d’entrée dans nos écoles d’élites dont je préfère taire les noms : ces centres de formation des futures « chèvres de la prairie ». Ils pensent alors que Brenda a déjà été promise, que ses prétendants sont déjà sélectionnés, et il ne reste plus qu’à publier le nom du lauréat au kairos.

En t’écrivant cette piètre lettre, avec ses mauvais mots et ses boiteuses phrases, je me regarde souffrant, et le vent soufflant, me demandant souvent : comment ai-je pu fantasmer sur une fille partageant avec moi moult différences ? Une fillette qui revendique encore des mamours de sa mamou ; qui déjà à sa vie, et qui jamais de cette vie n’ira dans un tourne dos, qui ne tolérerai pas la marche à pieds, ni se déplacer dans nos vieux taxis clopinant sur « nos » routes  accidentellement bitumées ; une précieuse que les bodyguards ne lâchent pas d’un sein jusque dans la chambre à « coucher » ? D’ailleurs,  peut’ elle songer un jour aimer quelqu’un comme moi dont ‘elle ignore complètement l’existence ? Et si elle avait une idée même de ce qu’est mon existence, n’aurait’ elle pas eu plutôt de la répugnance et du dégout à mon égard ?

Vous l’avez surement, chère maman devinée. Toutes ces choses je dis, mais épris de votre fille je suis. Cette jeune et belle marquise, à qui sans hésiter je dirais, si dans mes rêves les plus fous j’avais l’aubaine historique de la rencontrer, que : « me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d’amour ». Et si à son oreille parait obsolète cette déclaration, je pourrais l’arranger bien, et à la mode la tourner autant de fois qu’elle le voudra. Mais je ne veux pas les étapes bruler, jamais rien bruler ni casser j’ai voulu. Et je l’avais fait savoir à mes amis, dans les émeutes en février 2008, engagés. M’offusquant contre ce que j’appelle le « militantisme vandaliste », en respectueux du patrimoine matériel et culturel de notre pays, J’ai toujours voulu me poser. C’est dans le sens du respect de ces valeurs culturelles, que par vous je passe afin à votre fille arriver. Sans oublier toutefois que chez nous en Afrique noire, l’homme est le chef de la famille ! Et je sais encore plus que, l’homme n’est chef que parce qu’ainsi on l’appelle. En réalité, dans le foyer comme dans la forêt, nous savons tous que « ce sont les femelles qui chassent ». Et nos frères Toubous ont raison de dire que : dit le jour la barbe, ce que la nuit, a décidé la natte.

Je connais reine d’Afrique l’influence qu’auprès du roi vous avez, je sais jusqu’où peuvent résonner le plus insoupçonnable de vos envies, et que le plus souvent elles sont des ordres.  C’est vrai que je traine avec moi plusieurs tares qui joueront certainement en ma défaveur. Des tares que je n’ai pas choisies certes, mais qui s’abattent sur moi comme un oiseau de proie, une camisole de force qui m’empêche de devenir autre chose que ce que ma nature dicte que je suis. Je suis d’abord un orphelin de père, qui a passé 33 années de sa vie à s’étouffer  à la craie, à dessiner d’idiots traits d’espoir sur le « tableau noir du malheur ». Un fonctionnaire qui comme des milliers d’autres, a vu son salaire diminuer de plus de la moitié, et ses charges tripler sans pitié aucune. Ma mère, bien avant que son pauvre mari ne casse sa craie, solidifiait déjà sa houe pour essayer de « cultiver son jardin », et espérer recevoir de la stérile terre ce que son travail d’enseignante, à elle aussi, refusait de lui offrir. Nonobstant la misère matérielle, j’ai aussi de mes parents hérité d’une misère originaire. Faisant de moi un…un…un….-mais pourquoi j’hésite ?-…un BAMILEKE. Et si ce sera un désavantage pour moi, sachez d’avance que je suis un « mauvais Bami » : qui ne crie ni ne vit sa « BAMITUDE »… qui de l’entreprise n’a point le sens, qui vandalise les crânes, et qui d’être polygame point ne vise.

Je suis rassuré d’une chose et je vous rassure : en acceptant que votre fille trempe son sang dans le mien, vous n’êtes pas en train de le souiller. Vous êtes, et je le sais, mieux placée pour le comprendre ! Je sais aussi que vous n’oubliez pas vos origines, ni le parcours qui a été le votre, vous dévoyant aux portes du palais royal. Et le Grand chef, vous n’oubliez pas aussi ses origines, lui-même qui disait être fils et petit fils de paysan, de cultivateur ! En regardant le passé qui a été le vôtre, j’essai d’imaginer l’avenir qui pourra être le mien, bien sûr avec elle à mes côtés.

Certes je suis encore un jeune étudiant qui étudie pour étudier, qui vit de la chasse des notes et de la cueillette des rêves qu’il n’a pas moissonnés. Mais si j’arrive à valider cette « Unité Valeureuse », mon statut seul me donnera carte blanche partout et en tout. Désormais je me présenterais comme mari de la première fille de la première dame du premier Chef. de son foyer enfumé je pourrais sortir ma mère, la douane et les impôts je dévierais, placerais mes proches dans des secteurs clés, construirait une insolente villa dans mon village exempt de routes, de forages, de lumière…bien sûr que j’aurais mes gardes de corps, bien sûr que ma Mercedes de la dernière série « s » seras blindée, bien sûr que j’aurais le numéro vert du Président, bien sûr que j’aurais la première place dans les assemblées, bien sûr que des journaux je ferais la une …bref qu’est ce que je n’aurais pas, qui est ce que je ne serais pas, qu’est ce que je ne ferais pas ? Voilà pourquoi merveille des merveilles, je veux épouser votre fille. Car au delà de l’amour que j’ai pour elle, se cache ce que je n’ai pas voulu vous cacher.

… en attendant une suite favorable à cette demande, je vous prie de croire en la véracité de mes sentiments. Sensations émotionnelles que ne pourrais qu’exprimer succinctement, le temps d’une lettre aussi ouverte qu’elle puisse l’être.

Cordialement,

L’intéressé

Félix TATLA MBETBO, chroniqueur

Coordonnateur INTELLIjeuneTSIA

monsieur2035@yahoo.fr

 

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