Les États-Unis vont imposer des restrictions de visa aux responsables de l’Érythrée et de l’Éthiopie, accusés par Washington de ne pas avoir pris «de mesures significatives pour mettre fin aux hostilités» dans la région du Tigré.
« Les belligérants du conflit au Tigré n’ont pas pris de mesures significatives pour mettre fin aux hostilités ou pour parvenir à une résolution pacifique de la crise politique », a accusé le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken dans un communiqué.
« La population du Tigré continue de subir des violations des droits humains, des abus, des atrocités et a un besoin urgent d’aide humanitaire, bloquée par le personnel militaire éthiopien et érythréen et d’autres agents armés », a-t-il ajouté.
Les restrictions de visa visent « les fonctionnaires actuels ou anciens du gouvernement éthiopien et érythréen, les membres des forces de sécurité et autres, y compris les forces régionales et irrégulières d’Amhara et les membres du Front de libération du peuple du Tigré », selon la note.
Les États-Unis envisagent également des restrictions «à grande échelle» de l’assistance économique à l’Éthiopie, sans préjudice du maintien de l’aide humanitaire dans les domaines de la santé, de l’alimentation et de l’éducation.
Washington a également condamné « les meurtres, les déplacements forcés, les violences sexuelles systématiques et les violations et abus des droits de l’homme ».
L’Ethiopie répond à Washington
Le gouvernement éthiopien a qualifié cette décision de «malavisée» et de «regrettable» dans un communiqué publié lundi.
« Le gouvernement éthiopien ne sera pas découragé par cette décision malheureuse de l’administration américaine », indique le communiqué tweeté par le ministère des Affaires étrangères. «Si une telle volonté de se mêler de nos affaires intérieures et de saper les relations bilatérales centenaires se poursuit sans relâche, le gouvernement de la République fédérale démocratique d’Éthiopie sera obligé de réévaluer ses relations avec les États-Unis…», a déclaré le communiqué.
Début mai, le secrétaire d’État américain a fait pression sur l’Éthiopie pour qu’elle évoque « la catastrophe humanitaire » au Tigré, lors d’un appel téléphonique avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, après avoir qualifié la violence sur place de « nettoyage ethnique ».
Le conflit dans la région du Tigré a commencé en novembre 2020, après que le gouvernement éthiopien ait lancé une offensive militaire contre le Front populaire de libération du Tigré (FPLT) en représailles à une précédente attaque de ces forces contre une base de l’armée fédérale.
Depuis lors, les organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé les pillages et les violations de la population locale par toutes les parties, en particulier par les forces érythréennes déployées dans la région pour soutenir l’armée éthiopienne.
Face aux informations faisant état d’atrocités commises contre des civils, la communauté internationale a lancé plusieurs appels au gouvernement éthiopien ces derniers mois, et l’Union européenne a suspendu, en janvier, l’appui budgétaire au pays, de 88 millions d’euros, jusqu’à ce que l’accès soit garanti des organisations humanitaires dans la région du Tigré, ce que les autorités éthiopiennes ont empêché.
Depuis le début du conflit au Tigré, plus de deux millions de personnes ont été déplacées de force dans la région et au moins 75 000 ont fui vers le Soudan voisin, selon les chiffres officiels.