Lendemain du 31 octobre/ La Côte d’Ivoire s’enfonce doucement dans la guerre civile
Les signaux sont rouges et il va falloir beaucoup de responsabilité à la classe politique ivoirienne pour éviter à la Côte d’Ivoire une guerre civile désastreuse. Au lendemain de la présidentielle controversée, des violences atroces ont lieu dans certaines localités.
Téhiri dans la région du Fromager (centre-ouest) et Saioua, Niablé dans l’est hier. Aujourd’hui, c’est à Yamoussoukro et à Sikensi qu’un regain de tension est observé. Si ces tensions restaient dans le strict cadre électoral, on en serait heureux. Mais au vu des images, il y a lieu de tirer sur la sornette d’alarme.
Au lendemain de la présidentielle du 31 octobre 2020, la Côte d’Ivoire est à deux doigts d’une terrible guerre civile. Il faut avoir le courage de le dire et prévenir. Voulue ou pas par la classe politique, cette déflagration est là, pendante et effrayante. Pourquoi ?
Simplement parce que cette élection controversée a remis au goût du jour les vieilles rancunes enfouies entre les différentes communautés autochtones et allogènes de la Côte d’Ivoire. De plus, le passif de la crise post-électorale de 2010 n’ayant pas été épongé, ces vieilles rancœurs sont remontées à la surface. Et s’expriment de façon extrêmement violentes.
Des images insoutenables d’hommes tailladées à la machette, des femmes blessées, de vieillards fusillés dans plusieurs villes du sud, de l’est et maintenant du centre. Un dénominateur commun: Des Dioula ( nom générique donné aux populations du Nord et certaines communautés de la CEDEAO) qui s’affrontent avec leurs tuteurs autochtones pour une question électorale.
Ce jour, c’est à Yamoussoukro, ville natale d’Houphouet-Boigny que les violences ont atteint un pic. Idem à Sikensi, ville non loin d’Abidjan. Là-bas, une vidéo montre des soldats de l’armée effectuer des tirs à l’arme lourde dans une direction pas encore déterminée. Des témoignages pas encore confortés parlent » d’images atroces ».
Pendant ce temps, les positions se sont totalement raidies entre le pouvoir et l’opposition. L’opposition a dénombré 110 morts aujourd’hui dans ses rangs depuis le 6 août. Le climat de torpeur et les violences qui se multiplient devraient interpeller les uns et les autres. Dans un sursaut d’orgueil et dans une prise de responsabilité partagée, la classe politique se doit de trouver une solution avant » l’Armageddon ivoirien « .