Le Bénin va construire un musée des objets volés par la France avec un prêt français
Le Bénin s’apprête à recevoir quelque 26 objets volés par la France, qui seront conservés dans un musée à construire, mais l’ironie et le rebondissement qui entourent le musée sont assez intrigants.
Plusieurs pays européens ont restitué des objets volés à des pays africains d’où ils provenaient à l’origine, le Bénin se joint à la liste en accueillant cette nouvelle livraison de son maître colonial, la France.
Le pays cherche à construire un musée pour ces 26 artefacts, qui comprend le trône du roi Ghezo d’Abomey, qui date du début du XIXe siècle. Pour pouvoir le construire, le pays prend un prêt du pays même qui restitue les artefacts, la France.
En novembre 2018, le Président Emmanuel Macron a annoncé la décision historique de restituer les œuvres d’art prises par les troupes françaises il y a plus d’un siècle et conservées au musée du quai Branly à Paris.
Les objets seront gardés dans les palais royaux d’Abomey, une ville du sud du Bénin, où les vitrines actuelles sont recouvertes de poussière.
Mais le responsable local du tourisme, Gabin Djimasse, espère que les choses vont prendre un tournant positif avec le retour des 26 artefacts et la construction d’un nouveau musée pour les conserver.
« Ces objets sont une chance pour la survie du site. Ils nous permettront de construire un nouveau musée et de rendre les palais royaux plus économiquement viables », a déclaré Djimasse à l’AFP.
Un prêt de 20 millions d’euros de l’Agence française de développement financera le nouveau musée qui rendra le site du patrimoine mondial de l’UNESCO de 47 hectares plus attrayant pour les visiteurs.
Ancien fonctionnaire de l’UNESCO, Godonou a déclaré à l’AFP que la préparation de la restitution des objets a été un « but » de sa vie.
Mais il a insisté sur le fait que le Bénin doit encore adopter un cadre juridique complet pour protéger le patrimoine.
M. Godonou a dit que le Bénin veut « réclamer ses droits de propriété » sur toutes les œuvres d’art détenues à l’étranger, même si cela ne signifie pas qu’il faille les renvoyer définitivement chez elles.
« Nous voulons que les œuvres se déplacent, c’est notre philosophie. En fin de compte, ils font partie du patrimoine mondial », a-t-il expliqué.
Les experts estiment que jusqu’à 90 % de l’art africain se trouve hors du continent, y compris les statues, les trônes et les manuscrits. Des milliers d’œuvres sont conservées dans un seul musée, le musée du quai Branly à Paris, ouvert en 2006 pour présenter l’art non européen, dont une grande partie provient des anciennes colonies françaises.
Crédit photo : facetofaceafrica