La terre vivra à crédit pendant 140 jours à partir de lundi…Explications (Global Footprint Network)
Lundi 8 août, alors que l’année n’aura été consommée qu’à 60,38%, l’humanité aura consommé toutes les réserves que la Terre est supposée lui fournir pour l’année. Elle va donc vivre à crédit pendant plus de 140 jours.
Selon les calculs de l’ONG Global Footprint Network, l’humanité a d’ores et déjà consommé toutes les ressources dont la Terre disposait et qu’elle peut renouveler en 12 mois. Elle a nommé ce jour l' »Earth overshoot day » (le jour du dépassement de la Terre), ce qui signifie que la population mondiale a besoin, pour vivre jusqu’au 31 décembre prochain, des ressources équivalant à 1,6 planète.
L’Ong WWF ajoute dans un communiqué qu’en huit mois, « nous avons émis plus de carbone que ce que les océans et les forêts ne pouvaient absorber en un an, nous avons pêché plus de poissons, coupé plus d’arbres, fait plus de récoltes, consommé plus d’eau que ce que la Terre aurait pu produire sur cette même période ».
Ce jour avance inexorablement dans le calendrier. En 1970, il tombait un 23 décembre. L’année était donc consommée à 97,81%. En 1980, c’était un 3 novembre (84,15% de l’année), en 1990 un 13 octobre (78,42%), en 2000 un 4 octobre (75,96%) et en 2010 un 28 août (soit 65,85% de l’année consommée).
Cette surconsommation et cette dette écologique mènent notamment à un manque d’eau, qui lui-même conduit à des désertifications et à l’érosion des sols. Autres effets irréversibles: la déforestation, la disparition des espèces et la baisse du nombre de poissons dans les océans. « Vivre à crédit ne peut être que provisoire parce que la nature n’est pas un gisement dans lequel nous pouvons puiser indéfiniment », déplore WWF.
L’ONG pointe du doigt les émissions de carbone, « principal facteur de dépassement », selon elle, « qui représentent désormais 60% de notre empreinte écologique globale ». Les accords de Paris, signés par 195 pays lors de la COP 21, en décembre dernier à Paris, doivent permettre de réduire ces émissions, afin de limiter le réchauffement climatique à 2°C et atteindre un niveau d’émission proche de zéro d’ici 2050.
Les ONG qui dénoncent ce jour du dépassement de la Terre plébiscitent certains pays, qui ont, selon elles, « amorcé leur transition énergétique ». WWF cite le Costa Rica, qui a produit « 97% de son électricité grâce à des énergies renouvelables au cours du premier trimestre 2016 ».
A l’échelle européenne, elle évoque aussi la Grande-Bretagne, le Portugal, l’Allemagne, qui ont enregistré en 2016 « une capacité record de leur production en énergies renouvelables ». Le Portugal est ainsi parvenu, pendant plusieurs jours, à assurer 100% de ses besoins en électricité. Les deux autres pays ont réussi l’expérience pendant quelques minutes.
« La manière dont nous produisons notre nourriture et notre énergie, et dont nous utilisons l’eau ont un impact fort sur les écosystèmes », relève WWF, qui souhaite accompagner « les entreprises dans la transformation de leurs chaînes d’approvisionnement vers des matières premières plus durables issues de l’agriculture, de la pêche ou des forêts ».
Elle conseille à tous de « baisser leur consommation de viande, privilégier les produits certifiés, Bio, MSC ou FSC et réduire au maximum le gaspillage alimentaire ». Si les ressources de la Terre sont consommées de plus en plus rapidement chaque année, un autre chiffre est en constante augmentation: tous les ans, 30% de la nourriture mondiale est gaspillée.