Il y a quelques jours trois vidéos étaient diffusées, montrant le massacre de villageois par de supposés soldats en RDC. Ces vidéos ont vite fait le buzz sur les réseaux sociaux. Face à cela, le gouvernement, qui avait d’abord évoqué un « montage ridicule », a annoncé mercredi 22 février qu’il enquêtait sur ces faits. Dans l’une des vidéos, les hommes, femmes et enfants insultés et tués par des assaillants en uniforme sont identifiés comme des miliciens Kamuina Nsapu.
Les trois provinces du Kasaï, en RD Congo
Kamuina Nsapu est un groupe armé qui a fait récemment son apparition dans les trois provinces du Kasaï, dans le centre du pays. Depuis juillet 2016, de nombreux affrontements avec les forces de sécurité ont fait plusieurs centaines de victimes, avec un bilan très lourd du côté des insurgés.
Lutte en faveur des pouvoirs coutumiers
La milice a pris le nom du chef traditionnel Kamuina Nsapu, de son vrai nom Jean-Pierre Pandi, un ancien médecin né en 1966 à Tshikula (ex-Kasaï-Occidental). Début 2016, il milite pour la prise en compte par le gouvernement de ses charges coutumières et pouvoirs mystiques. « Kamuina Nsapu (…) a fustigé la négligence de l’État congolais depuis son accession à l’indépendance, et a recommandé de reconnaître et faire fonctionner le pouvoir coutumier, émanation naturelle de la nationalité », expliquait en janvier le vice-Premier ministre congolais, Emmanuel Ramazani Shadary.
Qualifié d’ »illuminé » par les autorités, le chef coutumier lance en avril 2016 une opération de rébellion, après que des policiers ont perquisitionné chez lui en son absence, maltraitant des membres de sa famille. Il exhorte alors « tous les jeunes, mus par une fibre révolutionnaire, à défendre le sol congolais contre la présence des mercenaires étrangers et leur gouvernement d’occupation ».
Des affrontements meurtriers
Quelques mois plus tard, au début du mois d’août, Jean-Pierre Pandi avec plusieurs centaines de miliciens, fait ériger des barricades autour de son village. Plusieurs policiers sont tués, ce qui conduit à une intervention des forces armées congolaises. Les affrontements font 19 morts, dont 11 policiers. Le leader des miliciens, Jean-Pierre Pandi, fait aussi partie des victimes.
Enterré par les autorités sans respect du rite traditionnel, le chef coutumier est considéré comme toujours vivant par ses partisans qui, loin de rendre les armes, étendent leurs actions de protestation aux régions voisines du Kasaï et du Kasaï-Oriental. « Entre le 22 juillet et le 30 octobre, lors de 17 incidents différents, 117 personnes auraient été tuées par les soldats », s’alarmait l’ONU en RDC (Monusco). « Les soldats ont ouvert le feu sans discrimination contre des civils », ajoutait-il.
Violation des droits de l’homme
La Monusco, qui dispose d’une compagnie de Casques bleus uruguayens et d’une équipe de monitoring dans la région, enquête actuellement sur les éventuelles violations des droits de l’Homme par les deux parties. Mais ils n’ont pas encore pu évaluer le nombre exact de victimes, certainement supérieur à 200.