Le mercredi 10 février, le procureur du tribunal spécial africain qui juge l’ex-président tchadien Hissène Habré à Dakar a demandé sa condamnation à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture.
Il comparaît devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), juridiction créée en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA), qu’il récuse et devant laquelle il refuse de s’exprimer et de se défendre, une tâche confiée par les CAE à trois avocats commis d’office.
Lors du réquisitoire, qui a duré près de sept heures, quatre membres du parquet se sont relayés, dont le procureur spécial Mbacké Fall, qui a demandé « une condamnation à la hauteur des crimes » dont est reconnu coupable Hissène Habré, qualifié de « véritable chef de service » de l’appareil de répression sous son régime (1982-1990).
Le procureur Mbacké Fall a considéré comme une « circonstance aggravante » le silence de l’accusé pendant tout le procès, y voyant une « lâcheté » envers les victimes, « plus qu’une stratégie de défense ».
Le Tchadien Souleymane Guengueng, président fondateur de l’Association des victimes de crimes du régime de Hissène Habré (AVCRHH), a exprimé après le réquisitoire « un sentiment de victoire et de joie: enfin, celui qui s’est fait passer pour un Dieu va réfléchir et savoir que ce qu’il a fait est mauvais ».
Il faut rappeler que Hissène Habré est détenu depuis le 30 juin 2013 au Sénégal, où il avait trouvé refuge en décembre 1990 après avoir été renversé par l’actuel président tchadien Idriss Deby Itno.