L’association Epsylon vient comme un souffle d’air frais pour les malades du cancer au Sénégal. Créé en 2011 à Paris, cette organisation, qui évolue dans les domaines de la santé, de la culture, de l’éducation et du sport veut dire stop à leurs souffrances. Pour que leurs cris de cœurs soient entendus, Afrikmag a tendu le micro à Mass Badji, président de l’association. Entre réalisations et plaidoyers de l’organisation, Mass dit tout.
Depuis la mise en place de l’association, quelles actions ont été menées contre le cancer?
En 2016, nous avons organisé la 1ère édition du Hip Hop solidarité cancer avec Nix et Daara J family. A la fin du concert, l’argent récolté a permis d’acheminer 1 tonne de matériel médical. En outre, notre organisation a offert 1.600 repas à l’association Lueurs d’espoirs.
Que pensez-vous du traitement des malades du cancer au Sénégal ? Y a-t-il des manquements ou autres problèmes que vous voudriez changer ?
Le premier manquement, c’est l’information, car la population n’est pas sensibilisée sur la question. Il faudrait qu’ils sachent que le cancer se soigne s’il est détecté très tôt. Le deuxième manquement, c’est l’accès aux soins. Toutes les personnes qui souffrent du cancer n’ont pas les moyens de se soigner et il n’existe qu’un seul que très peu de structures spécialisées dans ça, surtout au niveau de la banlieue. L’hôpital Aristide Le Dantec abrite le seul institut public spécialisé dans le traitement du cancer.
Vous participez au financement des projets de l’association Lueur d’espoir, et par ailleurs financez vos propres activités, d’où vient cet argent ?
La première année, on a fait des collaborations. Cette année, on a travaillé directement avec Le Dantec. L’argent vient des concerts, des tournois sportifs, des brunchs, des cotisations des membres et des appels aux bonnes volontés.
Y aurait-il un cas de cancer qui vous aurait marqué ?
Oui. Celui de la maman d’Aminata, une de nos membres, est référente du projet cancer. Il y a de plus en plus de personnes qui décèdent du cancer et la prise en charge est très difficile pour eux, surtout s’ils n’en n’ont pas les moyens.
Etes-vous satisfaits des services d’oncologie de l’Hôpital Dantec ?
Vous savez, ils reçoivent 100 nouveaux cas par jour, pour seulement une dizaine de médecins. Les conditions ne sont pas optimales, ce qui fait que les médecins ne s’occupent pas de la meilleure façon des malades. Il y a une surpopulation, si je peux m’exprimer ainsi. Les plus chanceux, c’est-à-dire ceux qui en ont les moyens, vont à l’étranger pour se soigner. Il faut comprendre que c’est un problème qui concerne la racine même. Quand on a visité l’hôpital, on a remarqué que l’attente était longue, malheureusement. S’il y avait plus de médecins et plus de moyens, il y aurait moins de malades par médecins.
Si vous aviez le Chef de l’Etat en face de vous, que lui demanderiez-vous, à propos du traitement du cancer au Sénégal ?
Je lui demanderai de mettre les moyens pour une meilleure campagne de sensibilisation et une meilleure prise en charge des malades. Il faudrait aussi penser à faire une campagne de prévention.