Selon plusieurs études de plusieurs chercheurs, des animaux vivent un deuil pareil aux humains, lorsqu’ils perdent un parent. La baleine, notamment. Dans un article publié sur National Geographic, on découvre quelques espèces qui pleurent leurs enfants ou leurs parents.
Plus de six espèces de baleine ont été aperçues agrippées au corps inerte de l’un de leurs congénères, d’après une étude publiée en 2016. Pour Melissa Reggente qui a mené aussi cette étude, elles sont frappées par le chagrin. « Ils sont en deuil », explique Melissa Reggenté, co-auteure de l’étude et biologiste à l’Université de Milano-Bicocca en Italie. « Ils souffrent et sont anxieux. Ils ont conscience que quelque chose ne tourne pas rond. », explique-t-elle.
Dans le cadre de cette étude, Melissa Reggente et ses collègues ont réuni des rapports (pour la plupart inédits) décrivant le comportement affligé chez sept espèces de baleines, allant du grand cachalot au relativement petit dauphin à long bec. D’après l’étude, les sept espèces ont toutes été vues en train de tenir compagnie à leurs défunts dans les océans du monde entier.
« Nous avons découvert que ce comportement est très fréquent et très répandu à travers le monde », déclare la biologiste, citée par la National Geographics. Des scientifiques à bord d’un bateau en mer Rouge affirment avoir observé un grand dauphin de l’océan Indien pousser dans l’eau la dépouille en décomposition d’un dauphin plus petit.
Lorsque les chercheurs ont capturé l’animal inerte au lasso et l’ont tiré jusqu’au rivage pour l’enterrer, le dauphin adulte a continué de nager auprès du corps, l’effleurant de temps à d’autre, jusqu’à ce que les eaux ne soient plus assez profondes. Longtemps après l’enlèvement de la dépouille, il est resté à proximité des côtes, note l’étude.
« Nous ne connaissons pas exactement le lien qui unissait les deux dauphins, mais il est probable qu’il s’agisse d’une mère et de son petit, ou de parents proches », affirme Melissa Reggente. Ce qui est certain, c’est que ce type de comportements a d’énormes conséquences. Une baleine qui veille sur son acolyte sans vie est une baleine qui ne mange pas et ne consolide pas ses alliances avec ses congénères, estime les chercheurs.
Après les baleines, les scientifiques ont découvert un nombre croissant d’espèces, des girafes aux chimpanzés, dont le comportement indique qu’elles sont frappées par la tristesse. Il en va de même pour les Eléphants dont le signe de deuil consiste à effectuer des allers-retours auprès du corps d’un congénère décédé.
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Selon Barbara King, professeur émérite d’anthropologie à l’Université William & Mary de Williamsburg en Virginie et auteure du livre How Animals Grieve, la douleur des animaux peut être définie comme une détresse émotionnelle associée à une perturbation du comportement habituel.
Près de l’île de San Juan, dans l’État de Washington, une femelle orque du nom de L72 a été vue en 2016 en train de porter dans sa bouche un nouveau-né sans vie. L72 présentait des signes indiquant qu’elle avait récemment mis bas et les chercheurs qui la surveillaient savaient qu’assez de temps s’était écoulé depuis son dernier petit pour qu’elle soit en mesure d’en avoir un nouveau.
« Elle s’efforçait de garder son petit à la surface en permanence et le maintenait en équilibre sur sa tête », explique le co-auteur de l’étude Robin Baird, du Cascadia Research Collective à Olympia, dans l’État de Washington, qui a assisté aux efforts de la mère.
Il affirme qu’une mère orque et sa progéniture peuvent passer toute leur vie ensemble. Selon lui, lorsque l’un des deux meurt « les animaux traversent une période où ils ressentent le même type d’émotions que vous et moi ressentons lors de la perte d’un être cher ». L’étude a également dévoilé des cas de baleines transportant leurs petits inertes dans leur bouche, les poussant à travers les eaux et les effleurant de leurs nageoires.
Dans l’un des cas, des globicéphales du Pacifique ont formé un cercle protecteur autour d’un adulte et de son petit décédé au nord de l’océan Atlantique. Dans la mer Rouge, un dauphin à long bec a poussé le corps d’un jeune animal vers un bateau. Lorsque les occupants du navire ont tiré la carcasse à bord, le groupe tout entier de dauphins situé à proximité a encerclé le bateau et nagé à ses côtés.
« Nous ignorons les raisons d’un tel acte », admet Melissa Reggente. L’anthropologue King confirme que de tels événements sont la preuve d’un deuil de la part des baleines. « Bien évidemment, il arrive que nous assistions parfois à de la curiosité, à un désir d’exploration ou à un comportement maternel qui ne peuvent tout simplement pas être « désactivés » », explique-t-elle.
« Mais il est évident que nous pouvons également voir la tristesse des animaux dans l’énergie qu’ils dépensent à transporter ou garder hors de l’eau leurs petits sans vie, à toucher leurs corps de façon répétée, à nager en phalange autour de l’individu affecté. »