Opinion: l’immigration américaine et canadienne: un piège pour les Africains!
Le chercheur camerounais Jean Paul Pougala a écrit un célèbre article pour dénoncer les pièges de l’immigration américaine et canadienne pour les africains.
« L’enfer ne se trouve pas toujours où on le croit ou le cauchemar d’être citoyen américain » déclare t-il. Voici la teneur de son article:
« Votre avenir au Canada », « Immigrez aux USA », « Votre Passeport pour Dubai » etc. C’est ce genre de publicité qui est placardée aux quatre coins des principales villes africaines, comme pour montrer que l’Afrique est un enfer. Les plus naïfs tombent dans le panneau et sacrifient souvent l’épargne de toute une vie pour aller vers le vrai enfer sur terre. Ils sont encouragés dans cette folie par ceux qui sont partis avant eux, brandissant le plus précieux des sésames, le passeport américain, britannique, français, belge, suisse ou canadien comme un vrai trophée. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que rien ne vaut leur passeport africain. Ils ne savent pas qu’ils viennent d’être piégés et à vie. Pour vous faire comprendre comment, je vais vous prendre le plus prisé d’entre eux, le plus célèbre et c’est le passeport américain, la nationalité américaine.
LA NATIONALITE AMERICAINE, UN VRAI CAUCHEMAR
La propagande américaine a mis sur pied un système bien rodé de recrutement des contribuables volontaires pour tenter d’éponger sa montagne de dettes. Avec des instruments très efficaces comme la Loterie pour la Green Card américaine ou le droit du sol pour les enfants nés sur le sol américain et qui deviennent automatiquement américains, la machine est très bien huilée et marche à tous les coups. Les nouveaux naïfs sont toujours plus nombreux à tomber dans le panneau, sans jamais se poser la question de savoir pourquoi un pays peut-il sans contrepartie organiser des loteries pour avoir de nouveaux citoyens. La vérité est que les Etats-Unis d’Amérique sont un pays très bien pour les pauvres, les très pauvres et qui ont pour ambition de demeurer pauvres. Pour les autres qui espèrent un jour devenir quelqu’un, ou tout simplement devenir riches, ce pays n’est pas fait pour eux.
Il est fréquent d’entendre les Africains déclarer qu’ils vont aux Etats-Unis pour chercher de l’argent qu’ils vont rentrer investir en Afrique. Mais ce qu’ils ne savent pas est que c’est un pays d’immigration, c’est-à-dire qui doit toute sa richesse à l’arrivée des candidats venus d’ailleurs. Donc tout naturellement, tout est organisé afin de décourager ceux qui veulent quitter le pays. Cela devient donc une véritable prison dorée. C’est ce qui va expliquer que les Africains résidents aux USA sont ceux qui retournent le moins en Afrique, pas seulement à cause de la distance, mais surtout parce que le système est organisé de manière à leur faire dépenser sur le sol américain tout ce qu’ils y ont gagné. Il est donc quasi impossible qu’ils y deviennent riches un jour. Car, même s’ils devenaient riches, il y a déjà une panoplie de lois pour les empêcher de partir. La première loi date de 1966 et s’intitule : Foreign Investors Tax Act of 1966 avec la référence : Pub. L. no 89-809, adoptée le 13 novembre 1966 qui visait clairement à décourager tout riche voulant quitter les Etats-Unis pour s’installer ailleurs. 30 ans après, pleins de riches ont fui les Etats-Unis, malgré la loi de 1966. Alors une nouvelle loi est votée en 1996 et portera le nom de : Health Insurance Portability and Accountability Act of 1996 sous la référence : Pub. L. no 104-191, adoptée le 21 août 1996. Cette loi punit ses riches qui quittent le pays en les imposant même à l’étranger et ce jusqu’à 10 ans après leur départ des USA.
En 2003, le président Georges Bush envahit l’Irak. C’est une guerre très couteuse dès son commencement. Alors, on va encore plus serrer la ceinture des Américains. Et en 2004, un nouveau pas sera franchi sur les citoyens américains ayant fui leur pays. Le congrès va approuver l’American Jobs Creation Act of 2004 sous la référence : Pub. L. no 108-357, adoptée par le 108èmeCongrès le 15 juillet 2004 et signé par le président Bush le 22 octobre 2004. Là, le clou est une fois encore enfoncé dans la plaie. Désormais même un Américain ayant renoncé à sa nationalité, continuera à payer les impôts américains pendant 10 ans. D’ailleurs, ceci concerne aussi les détenteur de la Green Card, même s’ils quittaient le territoire américain et rendaient leur Green Card, ils seraient obligés de continuer à payer les impôts dans leurs pays de destination, mais aussi aux USA. Et si, par malheur, il devait remettre pied sur le sol américain un jour et y séjourner pour 30 jours, il serait automatiquement imposé comme s’il y avait séjourné une année entière.
C’est en 2008 que tout va s’empirer avec la Heros Earnings Assistance Relief Act of 2008, aussi appelée « la loi HEART », et qui modifie le Internal Revenue Code de 1986. Cette loi va entrer en vigueur le 17 juin 2008 en même temps que les nouvelles règles d’expatriation, appelées : « mark to market » aux alinéas 877A et 2801 qui vont fixer pour la première fois un impôt de départ dénommé la « Exit Tax » de 450 dollars, pour tout citoyen souhaitant renoncer à la nationalité Etats-Unis. Mais aussi pour les résidents permanents de longue date qui décident de quitter les USA. Il faut au préalable qu’ils s’acquittent d’une taxe de départ, sinon, ils ne partent pas.
Comme si tout cela ne suffisait pas, en 2010, les services fiscaux américains (IRS) ont mis en place le Foreign Account Tax compliance Act (FATCA). Son rôle est de demander à toutes les banques du monde l’intitulé du compte et le détail des transactions financières qui vont se passer par toutes les personnes détenant un passeport américain, quel que soit le pays où ils résident. C’est cette dernière surenchère de l’administration américaine qui va mettre le feu aux poudre de tous ceux qui vont se défaire de ce qu’on appelle en Suisse, le Passeport Bleu (en opposition au passeport route suisse et bordeaux européen).
LA DOUBLE NATIONALITE AMERICAINE ET SUISSE
Selon le quotidien suisse Tages-Anzeiger du 25 juin 2012, pour toute l’année 2011, sur les 2 000 personnes qui ont demandé et obtenu d’abandonner la nationalité américaine, 500 étaient des Suisses. Le journal nous précise que ce chiffre est 7 fois plus important qu’il y a 4 ans. 2 jours auparavant, c’était le quotidien de Genève La Tribune de Genève qui donnait une autre information très inquiétante : les principales banques suisses n’acceptent plus d’ouvrir des comptes aux détenteurs d’un passeport américain et invitent même tous les citoyens américains possesseurs d’un compte chez eux de venir les fermer au plus vite. Mais pourquoi ce désamour ?
C’est en effet depuis l’entrée en vigueur des dernières règles plus contraignantes en matière fiscale pour l’expatriation, dont le fameux accord FATCA. Cette loi impose aux institutions financières du monde entier de communiquer les comptes bancaires des clients de nationalité américaine à l’IRS, le fisc américain. Et depuis novembre 2012, le formulaire 8938 de l’IRS exige non plus seulement les détails des comptes détenus à l’étranger, mais également les contrats d’assurance vie, les prêts (non pas les emprunts) et les parts possédées dans toutes les entreprises hors des Etats-Unis. La moindre violation de cette obligation est sévèrement punie d’une amende de 50 000 dollars et lorsque les sommes en question sont plus élevées, cette amende peut s’élever jusqu’à 50% du montant non déclaré. Le pire est que l’amende est exigée même dans le cas où l’imposition serait nulle ou tout simplement oubliée d’être déclarée à temps par le citoyen américain.
Dans un article intitulé : « Ces Suisses qui rendent leur passeport américain » sous la plume de Luca Bernardi du quotidien suisse Le Temps, dans son édition du 16 Août 2013, nous révèle que l’Ambassade américaine à Berne, est celle qui, dans le monde entier, a la plus grande file d’attente des citoyens qui demandent à restituer le passeport américain. Luca Barnardi nous explique même que devant la lenteur entretenue, du traitement des demandes, beaucoup de Suisses se rendent dans les pays d’Europe de l’Est pour espérer accélérer la procédure afin de restituer leurs passeports américains au plus vite.
Devant ce désastre annoncé, l’ambassadeur américain en Suisse en personne descend dans l’arène pour tenter de limiter la casse en incitant ses concitoyens à ne plus rendre leurs passeport. Dans le même article, Luca Bernardi nous informe qu’en février 2013, l’ambassadeur américain à Berne, Donald Beyer, a présidé un déjeuner à l’American International Club de Genève, et, à l’occasion, c’est lui-même qui a déclaré que pour l’année 2012, ce sont bien 900 Suisses qui ont rendu leur passeport américain, citant les statistiques de l’American Citizens Abroad. Et les incitant avec de multiples raisons, à rester citoyens américains.
Puisque les persuasions de l’ambassadeur ne suffisent pas à freiner l’hémorragie, l’Administration Obama est passée aux intimidations et humiliations publiques de ceux qui ont renoncé à leur passeport américain. Ce n’est pas moi qui le dis. C’est en tout cas ce qu’affirme Anne Hornung-Soukup, Membre du bureau de l’association American Citizens Abroad qui dénonce l’agressivité de l’administration Obama en ces termes: «Des listes de noms d’Américains ayant renoncé à leur nationalité sont publiées régulièrement dans le registre fédéral. Elles sont accessibles au grand public, pour créer un sentiment de honte et de malaise. Sur les quelques 200 Suisses qui ont renoncé à leur nationalité américaine sur les trois premiers mois de l’année, j’en connais personnellement sept».
En cherchant à y voir plus clair, on se rend vite compte que l’Ambassade à Berne met à disposition une documentation non pas pour expliquer les démarches à suivre, mais pour expliquer les conséquences négatives qu’une telle décision de restituer le passeport américain comporterait. Le quotidien déclare :
« Après avoir – longuement – rempli la documentation nécessaire, un entretien, obligatoire et sous serment, a lieu dans les locaux de l’ambassade. Toute une machinerie se met ensuite en place. La requête du demandeur passe du Département d’Etat au Département du Trésor, à Washington. Et ce n’est qu’avec l’accord de l’IRS que le certificat de renonciation est délivré. »
Dans un article du quotidien suisse La Tribune de Genève du 25 juin 2012 avec le titre : « Les Américano-Suisses renoncent au passeport bleu » et sous-titre : « Fisc et chicaneries – De plus en plus de citoyens des Etats-Unis renoncent volontairement à leur nationalité. Parce que le fisc américain leur demande des comptes et parce que les banques suisses préfèrent ne plus les avoir comme clients », le quotidien nous cite l’exemple d’un pasteur retraité américain, un certain Bloomfied, qui vit en Suisse depuis 30 ans et à qui la Banque cantonale de Genève lui a envoyé une lettre pour l’informer de la fermeture de son compte au motif qu’il est Américain. Voici ce que déclare le retraité :
« Passe encore de supporter une charge fiscale supplémentaire. Mais l’Internal Revenue Service (IRS) se montre, de plus, très soupçonneux. Qui passe la franchise et s’annonce à l’IRS voit ses comptes passés au peigne fin et sur plusieurs années: «Il faut ensuite payer les éventuels impôts en retard avec intérêts et, selon, une amende très salée». Le quotidien de Genève affirme de façon dramatique en ces termes :
« Les demandes sont de plus en plus nombreuses et les Etats-Unis n’ont aucun avantage à se précipiter, d’où l’allongement des délais, car les 500 demandes de fin de citoyenneté annoncées pour l’an dernier ne constituent que la partie émergée de l’iceberg. S’ajoute à celles-ci la situation des binationaux qui n’ont pas le courage de s’adresser aux autorités américaines de crainte de devoir payer une lourde amende avant de pouvoir s’affranchir de leur citoyenneté américaine.»
Dans un autre article du 13 août 2010, c’est autour du magazine économique suisse Bilan de faire parler les Américains vivant en Suisse. Il est ainsi tombé sur un vétéran de la Guerre du Golfe: installé en Suisse depuis vingt ans, un certain Scott Schmith qui a renoncé à sa citoyenneté américaine pour échapper à ses obligations fiscales vis-à-vis des Etats-Unis et qui se justifie ainsi :
« Je n’ai rien à cacher mais je ne veux pas être puni pour avoir choisi de vivre en dehors des États-Unis. »
Il va ensuite faire recueillir les déclarations alarmantes de Allison Christians, professeur de droit à l’université McGill, au Canada :
« Cas isolé sur le globe, les États-Unis imposent déjà à leurs ressortissants de déclarer leurs revenus et leurs comptes bancaires même s’ils sont résidents fiscaux d’autres pays. La loi FATCA, qui vise à lutter contre l’évasion fiscale promet d’être une piqûre de rappel douloureuse pour nombre d’entre eux. «Les américains vivant à l’étranger […] réalisent maintenant que les banques vont transmettre des informations sur leurs avoirs et qu’ils pourraient être considérés comme des délinquants».
Avant de conclure avec Peter Spiro, professeur de droit à l’Université Temple de Philadelphie : « Nombre d’entre eux font dès lors face à un «terrible dilemme»: renoncer à leur citoyenneté ou se plier à des règles ultra-complexes qui nécessitent souvent l’aide coûteuse d’un expert fiscal. Si vous faites un raisonnement rationnel, vous vous demandez si ça vaut la peine de garder sa citoyenneté américaine face au fardeau administratif et au risque de pénalités accrues».
Revenons au quotidien Le Temps du vendredi 13 Août 2010, pour relever les propos de Andy Sundberg, secrétaire d’Overseas American Academy (OAA) un forum de discussion, à Genève :
« L’expatriation est la dernière étape d’une «lente agonie» des quelque cinq millions d’Américains vivant à l’étranger. Les deux tiers des États américains n’accordent pas le droit de vote à leurs ressortissants nés à l’étranger, mais en revanche ils n’oublient pas de leur réclamer des impôts. Si un Américain achète une maison (en francs) et la revend lorsque le dollar a baissé, il doit payer un impôt sur le gain (fictif) qu’il aurait réalisé avec le taux de change, même s’il en résulte une perte».
Selon le magazine Forbes, de 2012 à 2013, il y a eu 221% d’augmentation du nombre d’Américains renonçant à leur nationalité. Pour 2014, l’AFP, en juillet 2014 nous annonçait que de juillet 2013 à juillet 2014, l’augmentation avait été de 492%. C’est l’année où l’Administration Obama décide de passer à l’attaque pour freiner l’hémorragie. Elle va tout simplement décider de frapper encore plus fort au porte-monnaie en augmentant l’Exit Tax de 422%. Et désormais, pour renoncer à la nationalité américaine, il faudra accompagner sa demande d’un versement au fisc américain de 2350 dollars, au lieu des 450 dollars de l’année précédente. Qui plus est, il faudra désormais s’acquitter d’un impôt d’abandon de la citoyenneté américaine, proportionnel à votre patrimoine, si celui-ci dépasse 2 millions de dollars.
LA QUESTION DE LA DOUBLE NATIONALITE AMERICAINE ET CAMEROUNAISE
La quasi-totalité des pays africains, pour l’acquisition de leur citoyenneté, appliquent le «ius sanguinis», c’est-à-dire l’acquisition de la nationalité par filiation paternelle ou maternelle. Ce qui n’est pas le cas des pays d’immigration comme l’Amérique du Sud, les Etats-Unis d’Amérique, l’Australie, le Canada, la Nouvelle Zélande, qui pratiquent le «ius soli», c’est-à-dire l’acquisition de la nationalité à travers la naissance sur le sol national. Mais comme les naissances ne suffisent pas, il faut faire appel à des gens venus d’ailleurs. C’est donc cela le principe dit de la Naturalisation par décret. Et c’est ici qu’il y a souvent la sélection qui consiste à n’octroyer la nationalité qu’aux investisseurs, aux meilleurs talents, afin de tirer vers le haut les autres citoyens, dans tous les domaines. J’ai séjourné en Italie pendant 20 ans et j’ai demandé la nationalité plusieurs fois qui m’a été refusée. Le jour où mon livre a été publié par le premier éditeur du pays, dans une prestigieuse collection dite des Immortels comme Voltaire, Proust, Sartre etc. et qu’il a été mis au programme scolaire avec un très grand succès auprès des élèves du lycée, c’est par décret présidentiel que la nationalité italienne m’a été attribuée. Avant d’accepter à cette nationalité, j’ai parlé avec l’Ambassadeur du Cameroun en Italie, qui a été lapidaire avec moi : « Pour moi vous êtes un Camerounais, un point c’est tout ».
J’ai donc compris que le principe est simple : chaque pays soigne d’abord ses intérêts. Il n’y a pas que la nationalité américaine qu’il est difficile de perdre. Nous allons voir dans les lignes qui suivent comment perdre la nationalité africaine n’est nullement facile, contrairement à ce qu’on pourrait penser. Car alors que les pays d’immigration cherchent à attirer les meilleurs éléments des autres pays et leur offrir la nouvelle nationalité, ces autres pays se battent comme ils peuvent pour ne pas perdre leurs citoyens les plus valeureux. Et vous allez voir, avec l’exemple du Cameroun que cela peut prendre des formes les plus imprévisibles.
En 2014 s’est posé au Cameroun la question de la double nationalité du chanteur Ndedi Eyango pour occuper le poste du responsable de l’organisme qui gère les droits d’auteurs des musiciens. C’était une véritable science-fiction, utilisée par les détracteurs du chanteur pour l’écarter du magot. Ce chanteur a un double passeport camerounais et américain. Ni le Cameroun, ni les États-Unis ne reconnaissent la double nationalité. La chance veut que tous les deux pays ne se précipitent pas pour perdre leurs citoyens au profit des autres. La loi camerounaise est claire à ce sujet et est même plus drastique que celle américaine pour perdre sa nationalité camerounaise. En effet, comme m’avait expliqué l’Ambassadeur du Cameroun à Rome, pour perdre la nationalité camerounaise, il faut le concours de 2 évènements : que le requérant fasse une demande écrite au chef de l’Etat et que ce dernier l’accepte par décret présidentiel. Ce qu’il ne fera pas. C’est comme dire que c’est impossible de perdre sa nationalité camerounaise. Et donc, Ndedy Eyango est Camerounais. De l’autre côté, pour l’administration américaine, le jour où Ndedi Eyango a obtenu le passeport américain, toutes les autres nationalités passées et futures sont nulles et non avenues. C’est donc pour elle comme une blague. Donc, pour le fisc américain, le chanteur restera américain et paiera ses impôts aux États-Unis partout où il peut se cacher, y compris dans le village le plus reculé du Moungo. Si les Américains ne veulent pour rien au monde renoncer à Ndedi Eyango pour l’argent qu’il verse au fisc américain chaque année, le Cameroun non plus ne veut renoncer à lui, parce qu’aucun pays ne veut renoncer à ses meilleurs talents. C’est pourquoi, même si Ndedi Eyango introduisait une requête auprès du chef de l’Etat du Cameroun, il ne recevrait aucune réponse. La sourde oreille suffira pour lui faire comprendre qu’il reste Camerounais quoi qu’il arrive. Dans la réalité, il sera de loin plus facile pour le chanteur de renoncer à sa nationalité américaine qu’à celle camerounaise, en payant beaucoup d’argent et à la suite de beaucoup de tracasseries administratives, comme on vient de le voir plus haut.
DIFFERENCE ENTRE LE CAMEROUN ET LES ETATS-UNIS D’AMERIQUE
Lorsqu’un Camerounais débarque à l’aéroport de Yaoundé ou de Douala avec un passeport américain, belge, canadien, français ou suisse, la police aux frontières n’a aucun problème pour les faire entrer tant qu’ils ont pris leur visa. Et on sait, le visa pour le Cameroun est l’un des plus chers au monde. Et l’Ambassade du Cameroun à Paris est l’une des rares ambassades camerounaises à l’étranger capables de passer des dotations financières de l’Etat camerounais depuis Yaoundé. Si ce Camerounais entrait avec son passeport camerounais, c’est-à-dire sans prendre le visa, on l’attend à la sortie, lorsqu’il faudra apporter la preuve de la résidence dans le pays où on compte se rendre. Et si par malchance on sort sa carte d’identité américaine ou française, alors, l’amende est plutôt salée. C’est un jeu de cowboys et Indiens qui ne dit pas son nom.
Au contraire, lorsqu’un citoyen avec un passeport étranger passe à un poste frontière, ce que regarde le douanier américain, en plus du nom est surtout le lieu de naissance. Si dessus c’est écrit New-York, alors, la personne est immédiatement conduite dans une petite salle à coté, pour vérifier si elle avait payé tous ses impôts pour renoncer à la nationalité américaine. Si tel n’est pas le cas, c’est la prison direct. Voilà pourquoi je dis souvent que le vrai paradis sur terre c’est en Afrique. Imagine-t-on un seul instant un policier africain qui lirait sur un passeport belge que vous êtes nés à Yaoundé, vous envoyer en prison parce que vous n’avez pas payer l’impôt pour ne plus être camerounais ?
QUELQUES AMÉRICAINS CÉLÈBRES AYANT RENONCÉ A LEURS NATIONALITÉS
L’acteur Terry Gilliam restitue son passeport américain en 2006 pour se contenter du passeport britannique, parce qu’il dénonce la politique d’agression de Georges W Bush contre l’Irak et ne veut pas que des guerres inutiles américaines soient financées avec son argent. Voici ce qu’il va alors déclarer :
«Je ne suis pas du tout content de ce qu’est l’Amérique depuis 10 ans. La réalité est que les autorités fiscales américaines évaluent tout ce que je possède dans le monde –tout ce que je possède est en dehors des Etats-Unis– et me prélève des impôts dessus, et ça voudrait dire que ma femme et moi devrions probablement vendre la maison pour payer les impôts. Je ne pense pas que ça soit juste pour ma femme et mes enfants.»
Jaycee Chan, le fils de Jackie Chan a restitué son passeport américain depuis 2009, parce qu’aux yeux des Chinois, un Américain chinois est avant tout un traître. Pour faire carrière en Chine, il a été obligé de se défaire de sa nationalité américaine. En tout cas, c’est l’explication que donne le magazine bimensuel américain New Republic.
La chanteuse Tina Turner vit à Zurich depuis 1995 d’où elle continuait de subir comme tout Américain à l’étranger la double imposition : en payant ses impôts suisses et ses impôts américains. Et quand l’administration Obama a décidé d’appuyer sur l’accélérateur de l’Exit Tax, en 2013, elle a tout simplement demandé et obtenu en temps record la nationalité suisse. Elle qui a épousé un Suisse pour fermer le douloureux chapitre de sa vie sentimentale américaine nargue son pays d’origine avec ces mots :
«Je suis très heureuse en Suisse et je me sens à la maison ici. Je ne peux pas imaginer un meilleur endroit pour vivre.»
QUELLES LEÇONS POUR L’AFRIQUE ?
Selon le Département d’État américain, 231 personnes avaient demandé de renoncer à la nationalité américaine en 2008. 6 ans plus tard, dans la seule année de 2014, ils étaient 3415 à avoir renoncé à la nationalité américaine, c’est-à-dire 15 fois plus qu’en 2008, année de référence. Mais sur la liste rendue publique, je n’ai pas vu les noms d’Africains, soit parce qu’ils ne sont pas au courant, soit parce que pour eux les États-Unis d’Amérique demeurent toujours leur paradis rêvé, soit plus prosaïquement parce que leurs revenus sont insuffisamment élevés, soit de moins de 80 000 dollars par an pour qu’ils ne soient en rien concernés par les nouvelles lois sur l’expatriation. S‘ils retournent en Afrique avec cette nationalité, et s’ils veulent transférer un bien immobilier à leurs enfants qui n’ont pas la nationalité américaine, il devront payer 40% d’import sur ce bien. En d’autres termes, si un Camerounais qui a pris la Green Card aux États-Unis il y a 10 ans rentre aujourd’hui au Cameroun, sa banque est obligée d’informer le fisc américain de toutes ses transactions bancaires et financières en terre camerounaise. S’il meurt, et laisse un immeuble valant 100 millions de francs, il faudra d’abord payer 40 millions de francs comme impôt à l’État américain avant de le passer à ses enfants non américains. Et s’il a contribué à piéger lui aussi son propre enfant avec la nationalité américaine, cet impôt baisse à 10%, en contrepartie, cet enfant devra continuer de payer chaque année, ses impôts deux fois : au fisc camerounais et au fisc américain.
Les autres Africains qui sont porteurs des passeports européens ou canadiens vont se dire chanceux, parce qu’ils peuvent rentrer en Afrique n’importe quand et cesser d’être contribuables en France, en Italie, en Suisse, en Allemagne ou en Belgique. Ce qui n’est vrai qu’en partie. En effet, d’après les informations très confidentielles que je tiens des gouvernements de France, Italie, Espagne et Allemagne, les économistes de plusieurs pays sont en train d’étudier, d’évaluer et de préparer la même recette américaine, pour faire payer dans quelques années tous les possesseurs des passeports. Ceci revient donc à la fin de l’imposition basée sur la résidence, pour passer à celle basée sur la nationalité. Soyez donc prêt à vous séparer de votre passeport européen.
Pour les Africains ayant déjà piégé eux-mêmes leurs enfants en allant les faire naître sur le sol américain, je n’ai pas de solution, parce que ces enfants sont condamnés à passer leur vie à travailler pour financer le système de la dette colossale américaine et je ne vois rien qui puisse ralentir l’étau que l’administration fiscale américaine a décidé de serrer autour de ses contribuables. Sinon, la chose la plus urgente à faire serait de vous rendre immédiatement dans l’ambassade de votre pays pour transcrire les actes de naissance de vos enfants dans les registres de naissance de votre pays d’origine. Quand ils seront devenus grands, ils auront besoin de cet acte pour s’établir une carte d’identité et ensuite, leur passeport africain. Ils sauront ainsi profiter de l’acquisition de votre nationalité africaine d’origine, par filiation paternelle ou maternelle. Et s’ils ont un talent en particulier, c’est le pays africain qui se battra pour ne pas les perdre.
Pour le reste, je suis contre l’introduction de la double nationalité en Afrique, comme instrument pour neutraliser l’arrogance de certains Africains de la diaspora qui aujourd’hui inondent nos rues avec des appellations des plus ridicules, tout simplement pour revendiquer une certaine onction pour le seul fait d’avoir séjourné en Occident. Ainsi, on a les Douala Bercy, Auto-Ecole française, européenne, canadienne, les pressing Château Rouge, Montmartre, Auberge de France, des Pyrénées etc. Je ne souhaite pas qu’on retrouve demain avec les candidats aux élections présidentielles avec des slogans, « Votez Toto, le candidat de la vraie démocratie française ». Au moins, le maintien des visas pour les binationaux permet finalement de faire payer un peu d’impôt à ces Africains de la diaspora qui font tellement de bruit alors qu’ils nous sont complètement inutiles, sinon nuisibles.
Le 15 février 2015 dernier, le maire de Londres Johnson qui est né à New York en 1964, a annoncé sous la pression qu’il renonçait à sa nationalité américaine parce qu’il espérait devenir un jour premier ministre de Grande Bretagne. J’aimerais que pour l’Afrique, toute personne ayant séjourné pendant une période dépassant un an à l’étranger ne puisse accéder au poste de la haute gouvernance du pays, comme être ministre ou Président de la République. Comme conséquence, si quelqu’un aspire à ce poste, qu’il fasse toutes ses études au pays, qu’il fasse étudier ses enfants au pays. Sinon, rien. Ce n’est pas le médecin prescrivant des ordonnances qui devrait devenir ministre ou président. Il faut un socle de patriotisme pour gouverner en Afrique. La plupart des Africains partis à l’âge de 16-17 ans étudier dans des systèmes plus puissants, sont ensuite broyés par ces systèmes et ne deviennent à la fin de leurs études que l’ombre d’eux-mêmes, en train de faire de la récitation de tout le bourrage de crâne qu’ils ont reçu. Au contraire ceux qui ont étudié à l’étranger doivent se limiter à des rôles de technocrates, au service de l’économie et de la politique du pays. C’est tout.
Bafang, le 18 Mai 2015
Jean-Paul Pougala
(Ex-Motoboy clandestin)
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Épilogue du 14 juillet 2016
ÊTES-VOUS SOLDAT DU DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE OU DÉSERTEUR ?
C’est chacun qui cultive son jardin. Il faut être un vrai médiocre pour fuir son pays où on peut écrire sa propre page d’histoire comme patron, pour aller souffrir comme salarié ailleurs, dans l’espoir de s’en sortir. Les beaux immeubles de Paris, New York et Londres ne vous appartiennent pas. Si c’est ce qui vous attire labas, sachez ces gens ont déjà construits leurs pays et n’ont donc pas besoin de vous que pour des taches accessoires de nettoyage et de surveillance et certainement pas pour partager la richesse qu’ils ont produite et accumulée depuis des siècles.
C’est bien parce qu’on n’a encore rien construit en Afrique que ce continent est un vrai El Dorado pour les battants, une aubaine pour les pionniers. On ne gagne pas un match si on ne s’est inscrit à aucun championnat. Le seul championnat auquel un africain peut participer, c’est d’inscrire son nom sur les pierres avec lesquelles on va construire son pays, son village, son quartier. Le reste n’est que tu vent qui ne laissera aucune trace dans les livres d’histoire. loin de chez vous, vous ne serez qu’un ramasseur de balles et ces derniers ne gagnent pas de match. Puisque leur rôle se limite à aider ceux qui jouent à gagner.
Si sur les 200.000 personnes que Fb me promet qui liront ce texte au Cameroun, seulement 1% peut s’énerver et prendre comme décision de passer à l’action et de créer la richesse en Afrique et si la moitié de ces 1%, c’est à dire 0,5% (1000 personnes) pouvait créer chacune 10 emplois, nous contribuerons à changer la vie des gens, plutôt que de passer notre temps à ne trouver qu’un seul et même fautif : le politicien. Et nous- même alors ? Vous êtes un soldat du développement de l’Afrique ou un déserteur qui reste bien loin pour critiquer ? Nous sommes en guerre et en guerre, le déserteur est pire que le mauvais soldat ou mauvais commandant. lui au moins combat et se trompe. L’autre a fui le seul vrai terrain de combat où il serais utile.
Londres le 14 juillet 2016
Jean-Paul pougala
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