L’Afrique vient de perdre un de ses chefs d’État les plus célèbres. Le Marechal Idriss Déby Itno a été tué mardi au front par les rebelles. Le continent tout entier pleure son départ. Durant son existence, l’homme a marqué son temps. La rédaction d’AfrikMag vous révèle quelques événements marquants de ses 30 décennies au pouvoir.
1990 : Prise de la capitale
Ancien chef de l’armée devenu chef rebelle, Idriss Déby prend le pouvoir en décembre 1990 lorsque ses troupes prennent d’assaut la capitale N’Djamena et envoient le dictateur Hissène Habré en exil au Sénégal.
Après six ans de transition vers la démocratie, il est élu président en 1996 lors de la première élection multipartite du Tchad, faisant entrer une partie de l’opposition politique au gouvernement.
Il est réélu en 2001 mais subit une pression croissante de l’opposition qui l’accuse de fraude électorale et de violations des droits de l’homme.
Un référendum organisé en 2005 approuve des modifications de la constitution visant à supprimer la limitation des mandats présidentiels.
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2008 : Offensives des rebelles
Fin 2005, des désertions massives ont lieu dans les rangs de l’armée. Les soldats désireux de renverser le régime s’installent à l’est, près de la frontière avec le Soudan, où ils forment des mouvements armés.
En 2006, N’Djamena rompt ses relations diplomatiques avec Khartoum pendant plusieurs mois, accusant le Soudan d’aider les rebelles qui cherchent à renverser M. Déby.
En 2008, les rebelles attaquent la capitale, atteignant les portes du palais présidentiel avant d’être repoussés avec l’aide des forces françaises.
2013 : Lutte anti-jihadiste
Le Tchad déploie 2 000 soldats aux côtés des forces françaises pour contrer les avancées des groupes djihadistes qui occupent le nord du Mali depuis 2012.
En 2014, l’armée française établit à N’Djamena le quartier général d’une nouvelle opération contre les groupes djihadistes dans la région.
L’année suivante, le Tchad lance une offensive terrestre au Nigeria voisin contre le groupe islamiste radical Boko Haram, qui déstabilise les pays riverains du lac Tchad.
Les troupes tchadiennes rejoignent également la force multinationale du G5 Sahel, dont le siège est en Mauritanie, et la force de l’ONU au Mali, la MINUSMA.
2016 : Cinquième mandat
Idriss Déby est réélu en avril pour un cinquième mandat avec environ 60 % des voix, contre 13 % pour le chef de l’opposition Saleh Kebzabo. L’opposition affirme que le vote est un « hold-up politique ».
Un mois plus tard, un tribunal spécial au Sénégal condamne Hissène Habré à la prison à vie pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité pendant son règne.
En 2018, le Parlement adopte une modification controversée de la Constitution qui renforce encore les pouvoirs de M. Déby. L’opposition boycotte le vote.
L’année suivante, un groupe armé opposé à Déby – l’Union des forces de résistance (UFR) dirigée par son neveu Timan Erdimi – entre au Tchad. À la demande de N’Djamena, la France effectue des frappes aériennes pour stopper leur avancée.
Le Tchad lance une nouvelle offensive majeure contre Boko Haram en 2020 après la mort d’une centaine de ses soldats dans la région du lac Tchad.
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2021 : Mort en combattant les rebelles
Dans les semaines précédant le vote présidentiel du 11 avril, la campagne devient meurtrière.
En février, une fusillade éclate au domicile d’un candidat après que les forces de sécurité ont tenté de l’arrêter. Au moins trois personnes meurent.
M. Deby, 68 ans, est réélu pour un sixième mandat après avoir obtenu 79,32 % des voix, selon les résultats provisoires de la commission électorale annoncés la veille de sa mort.
Quelques heures après l’annonce des résultats des élections, l’armée déclare avoir tué 300 combattants qui menaient une offensive rebelle lancée le jour des élections.
Mardi, l’armée annonce que le défunt président a succombé à ses blessures en combattant les rebelles dans le nord du pays.
« Déby vient de rendre son dernier souffle en défendant la nation souveraine sur le champ de bataille », déclare le porte-parole de l’armée, le général Azem Bermandoa Agouna, dans un communiqué lu à la télévision d’État.
Crédit photo : tv5monde