Santé: L’hyperphagie, un trouble de l’alimentation encore méconnu.
Moins connue que l’anorexie ou la boulimie , l’hyperphagie est un trouble du comportement alimentaire présenté comme une entité à part entière dans le dernier »Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders », paru en 2013, manuel de référence en psychiatrie.
Ce trouble se caractérise par une prise alimentaire importante et compulsive, où les personnes mangent rapidement de grosses quantités d’aliments sans arriver à se contrôler. « On parle d’hyperphagie quand au moins 3 des critères suivants sont présents : manger plus rapidement que la normale ; manger jusqu’à ressentir une gêne abdominale ; manger sans sensation de faim ; manger seul par gêne ; ressentir du dégoût, de la culpabilité après avoir mangé », explique Caroline Seguin, diététicienne nutritionniste, spécialiste des troubles du comportement alimentaire.
« Quelle différence avec la boulimie ? »
Les deux troubles sont très proches, mais dans le cas de l’hyperphagie, il n’y a pas de comportement visant à éliminer ce qu’on a avalé. « Dans la boulimie au contraire, on observe des comportements compensatoires : vomissements, prise de laxatif, activité physique intensive, périodes de restriction alimentaire ».
« Comment savoir si un proche est hyperphagique ? »
Il n’est pas toujours facile de repérer l’hyperphagie car les personnes qui en souffrent ont tendance à se cacher lors des crises, à faire disparaître les paquets vides, voire à re-remplir les placards. « Le poids est un bon indice puisqu’on estime que la majorité des personnes obèses souffrent d’hyperphagie », indique la diététicienne. Autres signes repérables : l’irritabilité, la tristesse. « Les personnes qui ont l’impression de perdre le contrôle d’elles-mêmes se sentent de plus en plus angoissées, avec des sentiments de honte, de culpabilité, de tristesse, voire de dépression « , explique la psychologue.
« Comment traiter ce trouble ? »
« Les causes étant multifactorielles, il est important qu’il y ait une approche pluridisciplinaire, indique la diététicienne. J’invite les personnes qui viennent me voir à consulter également un psychologue, à contacter des associations, des groupes de parole… ».
Au diététicien de faire le bilan nutritionnel, de donner des conseils alimentaires personnalisés et des petits exercices à faire à la maison : manger en famille quand c’est possible, manger lentement, prendre conscience des quantités, n’acheter qu’un paquet de biscuits par semaine… Au psychologue d’aider à comprendre l’origine du problème. « Les thérapies cognitives et comportementales sont les plus efficaces à ce jour, indique la psychologue, elles consistent à aider l’individu à repérer ce qui déclenche les crises, afin de les diminuer et ainsi de baisser les émotions négatives et améliorer l’estime de soi ».